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Critique de zenzibar


Je n'ai pas lu toutes les oeuvres de J. M.G le Clezio loin s'en faut mais les lectures du « Chercheur d'or » et de « désert » m'ont littéralement transporté par leur flamboyance.

« Gens des nuages » entretient l'envoutement ; même si le style est plus retenu, le lyrisme étincelle, la profondeur invite le lecteur dans un voyage en 3 d'bien accompagné par quelques photos sublimes.

Plus précisément, contrairement aux deux autres oeuvres précitées il ne s'agit pas d'une symphonie pastorale mais d'une sonate à quatre mains, écrite par Jemia et JMG le Clezio, pour relater un pèlerinage aux sources de la famille de Jemia, aux confins du désert Sahara dans ce qui était le Sahara espagnol en bordure de l'océan, enclavé dans ce qui furent les territoires africains de la France.
Petits découpages administratifs si peu solubles, si j'ose dire, dans l'immensité et l'absolu du désert.

Le lecteur parcourt le plateau de Gadda, le vent, le vide vers la vallée de la Saguia el Hamra et son cours d'eau irréel, mirage dans ces horizons craquelés, pétrifiés. Eau invisible mais omniprésente et qui apparait enfin avec ses reflets scintillants, hésitants.

Vallée d'où le légendaire Sidi Ahmed el Aroussi aurait prêché la parole du prophète.

Et ce rocher de Tbeïla, le saint des saints à ciel ouvert, rocher du haut duquel où le sage aurait médité dans la brulure de l'infini.

Ce désert qui semble sanctuarisé par des élans sacrés.
Certains affirment même que la guerre du désert en 1941-1942 entre l'Afrika Korps et les Alliés fut une guerre sans haine du fait de cette ambiance singulière.
Peut-être, mais en toute hypothèse le fanatisme sanguinaire de l'homme a néanmoins réussi aujourd'hui à polluer jusqu'aux étendues pures du Sahara sahelien.

Quoiqu'il en soit, la spiritualité ardente suscitée par ce milieu désertique renvoie aussi à un Charles de Foucault et surtout à Théodore Monod, par exemple dans sa quête fiévreuse pour trouver « sa » météorite du côté de Chingetti.
Mais contrairement à Théodore Monod, dont la vie, corps et esprit se confondent avec le Sahara, Le Clezio avec sincérité confie que, malgré sa sensibilité, sa proximité, qu'il est d'un autre univers, la grâce de ces « gens du nuage » à la vie si dure mais à l'âme ciselée et façonnée en harmonie avec cet environnement sublime, lui demeure inaccessible.

Des « gens du nuage » si forts, si fragiles.

Un livre dont la (re)lecture se prête parfaitement à la période estivale où les plus chanceux peuvent jouir d'un dépaysement physique ou psychologique par rapport au quotidien, pour apprécier pleinement les pages de ce livre
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