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Citations sur Mon Finistère : Racines du Bout de la Terre (3)

Comme vous, je viens de lire, non sans émotion, les moments forts de l'enfance et de l'adolescence de mon bon papa qui vient de quitter ce monde en ce début de nuit, en ce début d'année, le 26 janvier 2002, à 00h13. Ce fut dans sa maison pour laquelle il a tant donné. Tant donné aussi et plus encore pour maman qui fut longtemps malade, partie pour toujours depuis plus de quinze ans déjà.

Après ce grand vide, papa se trouva si désemparé que je dus remuer ciel et terre pour le sortir de cette rude épreuve. Nous avons beaucoup parlé ensemble, mais je l'ai surtout sollicité et écouté. Devant son flot magnifique de paroles au travers desquelles je retrouvais la sensibilité parfois exacerbée d'un être attachant et généreux, toujours prêt à rendre service, ouvert aux autres, à l'esprit vif et créatif où mille pensées se bousculent, je l'ai incité à écrire. Ce qu'il a fait, comme il vient de le dire.

L'existence de ses récits m'apporte un réconfort ineffable, car je sais maintenant que je n'oublierai rien de ce qu'il a lui-même ancré à jamais dans sa mémoire.

Isabelle Paul-Le Corre
Paris, avril 2002.
(Post-face)


* Un roman que j'ai lu en juin 2020 dont j'ai déjà eu le plaisir de vous parler. Les mots d'Isabelle Paul-Le Corre qui s'est battue pour que le roman de son papa puisse voir le jour (à titre posthume) méritent d'être partagés ici.
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En Bretagne, c'était la coutume d'inviter à déjeuner un membre de la famille des domestiques de la ferme le jour de Noël et le jour de l'An. Comme nos frères et soeurs étaient placés dans des fermes, ma mère nous répartissait de telle sorte que nous puissions manger de la viande ces jours-là. C'était formidable. La vraie fête ! On savourait d'abord le bouillon de pot-au-feu, puis on se régalait de viande et de lard bouillis accompagnés des légumes On buvait aussi du cidre : c'était encore meilleur que l'eau limpide de notre puits municipal.
Une fois l'an donc, nous mangions de la viande ; à moins que, tout à fait par hasard, nous arrivions à prendre une garenne au collet. Mais c'était si rare...
Dès que nous attrapions nos douze ans, la ferme nous prenait ; c'était la réserve de main-d'oeuvre des domestiques.
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Je me blottissais dans l'âtre, assis sur le banc de bois. En face de moi, ma grand-mère sur l'autre banc égrenait son chapelet à voix basse. C'était un des rares moments où elle ne nous parlait pas des lutins. Dès que nous n'étions pas sages, ces lutins étaient partout, envahissants, menaçants. Petits êtres velus de couleur sombre, ils pouvaient, d'après elle, passer au travers d'une serrure et se reconstituer de l'autre côté. C'était là, à mes yeux d'enfant, pour le moins terrifiant. Elle aimait raconter des histoires de revenants. Ainsi, lorsqu'il y avait un décès éloigné du bourg, le carrigue an ankou, char de la mort aux roues grinçantes, passait vers minuit, attelé à deux chevaux blancs efflanqués. Tout le monde l'avait entendu, mais personne n'osait dire qu'il l'avait vu. On retenait son souffle. Avec mon frère Étienne, de deux ans mon aîné, on écoutait les bruits du dehors et j'essayais de reconstituer la vie terrible de tout cet univers étrange et invisible qui m'entourait.
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