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Critique de Zephirine


Fidèle lectrice d'Hervé le Corre, je sais qu'à chacun de ses romans, je dois m'attendre à plonger dans le noir le plus sombre et Traverser la nuit ne déroge pas au genre : c'est noir foncé avec une intrigue qui se déroule souvent de nuit avec des personnages épuisés de vivre, au bord de l'abime.

Le commandant de police Jourdan est un homme fatigué, taraudé par l'éloignement et l'indifférence de son épouse et de sa fille. le métier l'a cassé, il est désabusé et le dit lui-même : « Il y a des situations auxquelles je ne peux plus, je ne sais plus m'adapter. Des gens avec qui je ne peux plus faire de compromis »
En parallèle du flic, il y a Louise, aide à domicile et mère célibataire. Son fils Sam, c'est tout pour elle dans cette vie sans avenir où la violence est omniprésente, dans son métier, dans son passé de toxico et avec le harcèlement et les coups de son ancien compagnon.
Le troisième personnage, c'est Christian, ancien militaire, dominé par une mère autoritaire et incestueuse. Dans sa haine des femmes, il est devenu tueur en série, assassine des prostituées, des jeunes filles sans que cesse cette violence qui l'habite.
Toute cette violence baigne dans une atmosphère pluvieuse et glacée, sur fond de crise sociale des gilets jaunes.
Hervé le Corre s'y entend pour glisser doucement du quotidien vers le sordide, la peur, les rêves avortés et la colère qui finit par sortir avec toute la violence des faibles, des laissés pour compte. C'est très pessimiste, et on a beau s'accrocher à la moindre lueur tremblotante comme les personnages, la nuit finit par tout engloutir, faux espoirs et rêves.
Ce roman n'est pas qu'une enquête policière, elle sert plutôt de prétexte pour disséquer une société mal en point et explorer toute la violence d'un monde en marge.
C'est inquiétant et dérangeant en même temps, car on assiste au basculement des personnages broyés par la vie et j'ai retrouvé la même sensation qu'à la lecture de Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier.

Précise, rythmée, l'écriture de Hervé le Corre se teinte de poésie sans tomber dans le lyrisme.
C'est bouleversant, et on en sort sonné, l'humeur assombrie par tant de souffrances et de drames.

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