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Citations sur Oeuvres de Pamphile Le May (13)

Rosée

Elle avait repoussé plus d’un amour banal,
Et son âme chantait une idéale stance.
Nous étions – mais j’oublie en quelle circonstance –
Au jardin que berçait un souffle matinal.

Un papillon, caché dans un lis virginal,
S’enivrait de rosée. Il paya d’inconstance.
Nous le vîmes s’enfuir une longue distance,
Et la fleur, sembla-t-il, pleura l’adieu final.

Elle la prit alors de ses beaux doigts de fée,
La mit à son corsage ainsi qu’un fier trophée,
Et le parfum semblait s’exhaler de son cœur.

Elle tourna vers moi sa figure rosée,
Et dans son œil humide, ouvert comme la fleur,
Comme le papillon je bus de la rosée.


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À la lune

Quand tu luis au-dessus de la forêt mouvante,
On dirait que des feux s’allument tout au fond.
Tu donnes un baiser à l’océan profond,
Et l’océan frémit comme une âme vivante.

Es-tu notre compagne ? Es-tu notre servante ?
Ton éclat nous ravit, ton pouvoir nous confond.
Sous ton voile brillant comme l’or qui se fond,
N’es-tu qu’un astre mort où règne l’épouvante ?

Donne au toit sans lumière un rayon de pitié,
Au rêve du poète, une aile audacieuse,
Et sur les nids d’amour plane silencieuse.

Tu n’offres à nos yeux souvent qu’une moitié...
De même faisons-nous, blonde lune que j’aime ;
Cachons-nous des défauts par ce vieux stratagème.

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Mes sonnets

Que le ciel bienveillant te garde des périls,
Moisson que mes sueurs ont souvent arrosée !
Qu’il répande sur toi sa lumière rosée,
Et que ta gerbe mûre embaume les fenils !

Vous tremblez, mes pauvrets, comme une larme aux cils,
Comme aux lèvres, l’aveu, comme aussi la rosée
Qu’un baiser de l’aurore a, sans bruit, déposée
Sur le feuillage vert, tout plein de gais babils.

Au sort qui vous attend il faudra vous soumettre.
Vous auriez plus d’éclat, si j’avais osé mettre
Un vêtement pompeux à la simple raison.

Mais la raison est belle en sa nudité chaste.
Gouttelettes, tombez. Tombez ; dans le champ vaste
Il germera peut-être une humble floraison.
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Le vieillard

Il chemine, rêveur, courbé sur un bâton,
Lui qu’on a vu jadis marcher d’un pas allègre ;
Il ne laisse tomber aucune parole aigre,
Et pourtant la vieillesse est pesante, dit-on.

Souvent pour nous parler il prend un humble ton.
Il montre avec orgueil, parfois, de son doigt maigre,
Dans l’ombre du passé, toute une vie intègre,
Et son nom a franchi la borne du canton.

Or, rien, lui semble-t-il, n’est changé que lui-même.
On rit comme autrefois, comme autrefois on aime ;
La jeunesse fleurit partout. Lui seul est vieux.

L’ombre autour de lui monte. Il hésite, il tâtonne.
Une larme descend de son grand œil atone,
Quand il songe qu’un jour il fit des envieux.

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Vieux arbres et vieux hommes

Quand les arbres sont vieux, leurs rameaux dépouillés
Ne sentent plus courir les frissons de la sève,
En un gémissement leur murmure s’achève,
Les oiseaux les ont fuis, les vers les ont souillés.

Quand les hommes sont vieux, ils vont, les yeux mouillés,
Évoquer, loin du bruit, leur vie encor trop brève.
Souvent avec courage ils ont lutté sans trêve,
Et le suprême appel les trouve agenouillés.

Autour de l’arbre vieux qui lentement s’affaisse,
Avec ses nids déserts et ses pâles festons,
On voit croître et verdir de vaillants rejetons.

Autour de l’homme vieux et pour qui le jour baisse,
Montent le gazouillis et le rire argentin
Des enfants que réveille un rayon du matin.
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Souffle d’amour

Son œil m’enveloppait comme l’azur céleste ;
C’était l’enivrement dans la sérénité.
J’aurais voulu la voir toute une éternité,
Sa main me dit adieu d’un adorable geste.

Elle partit, courant sur les fleurs d’un pied leste,
Et je crus voir se fondre une divinité.
Aussitôt j’entendis comme une infinité
De chants et de soupirs dans ma retraite agreste.

Descendaient-ils des nids cachés dans les rameaux ?
De la cime des bois qu’une brise balance ?
Du violon plaintif d’un barde des hameaux ?

Violon, bois et nids faisaient partout silence,
Et rien n’éveillait plus les échos d’alentour...
C’est mon cœur qui vibrait au souffle de l’amour.

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L’aumône du ciel

Lacs et bois, prés et monts cessent d’agoniser.
Des vols sillonnent l’air ; le gazon luit et grouille ;
La fontaine jaillit ; le chaos se débrouille,
Et tout, autour de nous, cherche à s’harmoniser.

La terre, semble-t-il, va se diviniser,
Reprends, barde plaintif, ta lyre qui se rouille.
Ouvrons à l’amitié la porte qu’on verrouille ;
La floraison des cœurs devrait s’éterniser.

Le blé germe enfoui dans le sillon qui fume ;
La génisse s’ébat, et l’agneau craintif hume,
Sur l’arbuste embaumé, la sève des bourgeons.

Dans l’œil mouillé des vieux le passé se reflète ;
Le gueux voit s’adoucir le sort qui le soufflette...
C’est l’aumône du ciel que nous nous partageons.
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À Gonzalve Désaulniers
(Boutade)

Ami, quand le poète a soif de l’idéal,
Quand il croit ardemment aux promesses du rêve,
Il n’a plus de repos, et son aile l’enlève
Et l’emporte au hasard d’un élan triomphal.

Il cherche dans le ciel, dans le matin brumal,
Dans les ombres du soir et les bruits de la grève,
Dans la verte forêt qui chante, ivre de sève,
Ou qui s’endort, transie, au souffle boréal.

Avant de s’envoler aux lointaines distances,
Ton âme fut bercée au rythme de mes stances,
Et se mit à chanter. Tu me l’as dit alors.

Et j’en suis encor fier ; très fier, je le répète.
Mais... Ne m’accuse pas d’être un peu trop retors,
J’ai ma part dans tes vers si je t’ai fait poète.

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Premier baiser

Pourquoi dire cela s’il n’en est pas besoin ?...
Un nuage, au couchant, semblait un banc de craie,
Et, perçant la ramure, une éclatante raie
Argentait un ruisseau qui se perdait au loin.

Nous marchions au soleil, dans les fleurs et le foin,
En causant tendrement de notre amitié vraie.
Nos cœurs étaient pareils à des blés sans ivraie.
De nos graves serments un oiseau fut témoin.

Elle prit au buisson une blanche églantine,
Et la baisa disant d’une voix enfantine :
– C’est comme une autre bouche, et combien pure, va !

Et moi, je répondis, d’une âme un peu tremblante,
En effleurant sa lèvre où le mot s’acheva :
– C’est comme une autre fleur, mais combien
[ plus troublante !

p.124
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À un poète malade*

L’aile atteinte en son vol n’aura plus, désormais,
Ces frissons de plaisir qui troublaient la ramure ;
La moisson parfois souffre avant que d’être mûre ;
L’arbre un jour abattu ne refleurit jamais.

Et te voilà gisant comme l’arbre mort. Mais
Sur ta lèvre pâlie il court un doux murmure.
Tu portes la douleur comme on porte une armure,
Et ton aile brisée effleure des sommets.

Nul cri de révolté n’est sorti de ta bouche,
Et la Muse attendrie effeuille, sur ta couche,
Des fleurs dont le parfum a la chaleur du vin.

Des chants inattendus traversent les bruines,
Et des nimbes sacrés couronnent nos ruines,
Quand descend un rayon du grand foyer divin.
* Albert Lozeau.
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