AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de EvlyneLeraut


Poignant, fondamental, « Rouge Pute » est d'utilité publique. Un cri dans la nuit au plus sombre de l'insoutenable. Perrine le Querrec a rassemblé l'épars, meurtrissures, échos heurtant les falaises. Femmes en annonce d'une parole rédemptrice. Femmes blessées au fronton conjugal. « Planquée dans la chambre. Un instant oublier. Silence ma détresse, je saigne. » Femmes enchaînées, ressacs de violences. Les hommes en guerre, l'ennemi : les femmes. « Interdit. Interdit. Interdits. Puis systématiquement les représailles. » Elles osent la première syllabe. Perrine le Querrec recueille les mots de ces assoiffées d'amour, d'espace et de musique, de caresses et de sérénité. « Et je vais mal répondre, et ça va recommencer. » le choc est rude. Nous sommes le trou de la serrure. En passe de communier avec les dires de ces belles abandonnées dans l'aube d'un XXIème siècle. Dans l'intériorité de ces femmes violentées, battues, harcelées, enfants aux abois. Chaises broyées sur leurs reins souples et divins. Coup après coup, la liberté est noire, solitaire, absente. Femmes cadenassées. Osez le premier pas, puis l'autre. Ne pas faire grincer la porte du plausible départ, surtout. « Délivrez-moi de lui, délivrez-moi de moi, de ses violences, de mes silences. » Elles parlent, chapelets de souffrances. L'abîme infini, les draps ensanglantés, une contemporanéité ingérable. La réalité, plaie vive. Pudiques, altières, battantes, le courage est l'échappée en pleine nuit. Chevauchée à l'aveugle, genoux écorchés, saut dans la flaque. « La peur, la fuite, le combat. » Dire les faits, poèmes claquant au vent des affres. Poèmes tempêtes, larmes, prison, l'estime en berne. Poèmes délivrances, dentelles, espérances. « Heureusement je me réveille accrochée à mon Non. » Poèmes brisés, une claque après l'autre, la mort au garde à vous. Redire les griffures, les alphabets d'honneur sur les maux. Les faims d'amour, de respect, d'équité. La loyauté a éteint la lumière. le domicile conjugal est le radeau de Géricault. Les silences de plomb, les nuits sourdes, opaques, annonciatrices des batailles. Révoltes en devenir, « Rouge Pute » fleuve rouge. « Personne ici ne te fera de mal. Des livres sécurité. Terminer un livre, en reprendre un autre. Des livres d'amour. » Cris infinis, ricochets de souffrances. « Rouge Pute » est un outil, le témoignage. Un livre à déposer dans tous les antres, les associations, les ministères. Qu'il soit lu à voix haute dans les lycées, les universités, les lieux de vie et de travail, dans les Palais de Justice. Déposez sur les bancs publics, dans les sacs à main, dans les trains. Plus de bourreaux, drapeau blanc. Partout où le mal gronde sournois. Ce livre est La solution, La Parole. « Même si à l'intérieur j'ai toujours peur. » Vaincre l'immonde bête à coup de rouge à lèvres. Dire l'urgence et le devoir de lecture, cette reconnaissance universelle au verbe placé en exactitude assise. Paroles, mimétisme, Rouge sang, « Rouge Pute, ils assassinent. » Célébration de la lutte achevée. « Nous autres, femmes, filles, filles, enfants, être humains, nous déposons une couronne sur ta tête. » Une référence. Publié par les majeures Editions La Contre Allée.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}