Au départ de l'écriture de ce roman, se tient une promesse. Promesse entre deux femmes, deux auteures. Françoise le Teurnier et sa mère
Françoise Bourdin. Ce geste a accompagné ma lecture, comme un reflet accompagne le marcheur lorsqu'il parcourt les rives d'un fleuve.
«
Rendez-vous au point zéro » m'a fait redécouvrir un lieu, une construction plus exactement.
Vivant, malgré moi, actuellement dans une ville dite « nouvelle » - où il est possible de ce rendre compte très rapidement que rien n'est nouveau sous le soleil – ce roman, dont la trame narrative ne pas vraiment bouleversé, m'a toutefois permis d'opérer une lecture architecturale de cette ville, née de la rencontre d'une vision politique et d'une vision urbanistique pharaonique : la Grande- Motte, l'un des projets touristiques et urbanistiques les plus importants réalisés en France et en Europe dans la période dite des « 30 glorieuses », projet porté par la « mission Racine » qui débuta en 1963. J'ai aimé cette proposition déambulatoire, qui m'incitera peut être à regarder différemment l'imbroglio chaotique au milieu duquel je dois, quotidiennement, circuler.
Peut être ce roman sera-il remarqué par le jury du prix Henri Jacques le Même, remis chaque année par La Société française des architectes ?
Un point qui m'a beaucoup manqué : j'ai recherché, sur le net, quelque information quant aux consultations participatives des habitants ou associations locales de l'époque, je n'ai rien trouvé. A croire que cette « vision », qui entraîna le bouleversement irrémédiable d'un littoral, n'a pas à l'époque soulevé quelque question quant à l'impact que ce déversement de béton opéré pour assouvir le « besoin » économique d'un tourisme de masse. Si quelqu'un.e a quelque information sur ce sujet , cela m'intéresserait.
Ainsi, sur les bords de ma Méditerranée, il fut érigé par quelques « seigneurs » la vision d'un futur.
Du haut de ces pyramides, mon ami.e, en ce 21e siècle, quel passé devrons nous encore contempler ?…
Astrid Shriqui Garain