(…) Pierre Francoeur a pris sa retraite des forces de l’ordre. Il fait du bénévolat pour la prévention auprès des enfants en milieu scolaire. Clémence, sa femme, lui reproche de travailler trop depuis qu’il a pris sa retraite.
En bout de table, Clémence ouvre la bouche. Ses lèvres se froissent comme un accordéon sur ses dents trop blanches. Le rouge à lèvres s’infiltre dans les fissures. Une vie entière à parler juste du bout des lèvres, voilà le résultat. Ses doigts s’emmêlent à son collier de perles. Une triple rangée qui l’étouffe avec élégance.
À l'étage inférieur du traversier, Laurent gare sa voiture et coupe le contact. Ici, dans ce stationnement flottant, le hurlement du monde s'épuise.
Par inadvertance, elle croise son reflet dans le miroir. Le temps a fait un travail d'orfèvre. Des entrelacs de rides tissent une toile végétale sur son visage.