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Critique de reveline


Bon, que dire ?
Vu le plébiscite remporté par ce roman, je vais sans doute me faire « huer » mais j'assume le fait de ne pas l'avoir aimé. 
La banalité du quotidien sait parfois m'émerveiller. Ce ne fut pas le cas ici. J'abordais pourtant ce roman pleine d'enthousiasme et de confiance. Las ! Je résumerai mon sentiment ainsi : Ça se lit, sans plus. Ça se lit mais c'est bourré de clichés. Ça se lit mais ça sonne faux. Les dialogues soi-disant « d'une rare vivacité » sonnent encore plus faux, et débordent de lieux communs, dégoulinent de bons sentiments, de guimauve et de maximes à six francs six sous.
L'auteure a une vision très « bisounours » de l'hôpital, (sans doute est-ce consécutif au fait qu'elle soit de l'autre côté de la barrière, en tant que sage-femme libéral ?) Elle porte ainsi un regard « professionnel », très éloigné du ressenti du malade. Notamment des services de réa. Pour y avoir passé plus de temps que souhaité, aussi bien dans mon enfance, que récemment, je peux vous dire que je porte un regard bien différent sur cet univers et son personnel soignant. Les infirmières « rayons de soleil » et les kinès « impliqués » qui diffusent du bien-être autour d'eux, c'est rare d'en rencontrer. Sans généraliser mon propos, toutes les infirmières et aides-soignantes  (sans parler des médecins) que j'ai croisé dans ma vie (et très récemment encore hélas avec l'infarctus d'une amie) n'étaient pas tous sympathiques ou compassionnelles ! Que du contraire. Tant mieux, si Agnès Ledig a de meilleures expériences que moi en la matière. Pour ma part, j'ai trouvé ces passages invraisemblables. du reste, toute l'histoire manque cruellement de crédibilité. Certains passages sont même absurdes. 
Le personnage de Julie ne m'a donc pas plu, ni vraiment touché. Trop creux, passif, geignard mais surtout incohérent, versatile.  Certaines de ses réactions sont totalement incompréhensibles.
De plus, et sans vouloir jouer « les mères la morale », le côté : « Je tombe enceinte à seize ans suite à une beuverie (au risque d'attraper une grave maladie parce que je ne me protèges pas) », bof bof, l'exemple pour la jeunesse (et les autres).
Enfin, là n'est pas l'essentiel, me direz-vous. Sans doute. N'empêche que la prévention contre la transmission du VIH chez les ados étant l'un de « mes chevaux de bataille », cet aspect de l'histoire m'a dérangé.
Rien à signaler en ce qui concerne les autres personnages. Souvent à peine esquissés, ils manquent cruellement de consistance, et semblent trop lisses pour être marquants.
La narration morcelée (plusieurs courts paragraphes, des « chapitres » d'une page voire parfois de quelques lignes) devient assez vite pénible.
Oh, il y a aussi les jolis mots, les mots savants, qui, au détour d'une écriture des plus simplistes tombent comme des cheveux sur la soupe. Car dans l'ensemble l'écriture est vraiment plate, pour ne pas dire constamment en déficit de profondeur.
Du Guillaume Musso. Notez bien que je suis clémente, je n'ai pas dit du Marc Lévy.
Bref, un roman vraiment cul-cul la pralinette. Anecdotique aussi. Et bien qu'il soit court, j'ai bien failli l'abandonner. Il m'a fait songer au très mauvaisLes gens heureux lisent et boivent du café
. En un peu moins mauvais ? Peut-être. Mais disons que sa lecture n'est pas indispensable. Ne culpabilisez donc pas si vous décidez de faire l'impasse sur ce roman. Ce n'est pas une grande perte pour votre vie de lecteur/lectrice, à mon sens.
Après la lecture de ce billet quelque peu « assassin », je vous entends d'ici vous demander : « Mais pourquoi diable est-elle si méchante ? » Pourquoi ? Pour deux raisons. Principalement parce que j'ai horreur de cette nouvelle littérature contemporaine « lacrymale » qui utilise des ficelles aussi grossiéres que la maladie, la mort, ou la souffrance des enfants … pour faire pleurer dans les chaumières.
L'auteure a vécu un terrible drame il y a quelques années, (la perte de son petit garçon de cinq ans, parti d'une leucémie foudroyante). Cependant, au lieu d'aller au bout de sa démarche en apportant un témoignage qui aurait pu être très fort, puissant, elle choisit de travestir la vérité sous forme de fiction, où elle charge sciemment « la mule», émotionnelement parlant et utilise les ficelles les plus pathos et les plus grosses qui soient pour parvenir à son but : faire pleurer. Quel dommage d'affaiblir ainsi son propos ! En ce cas autant ne pas évoquer du tout son passif, et écrire tout autre chose, non ?
J'avoue que ce recours systématique aux ficelles du malheur a le don de me mettre en colère quand il m'apparait gratuit, comme c'est le cas ici, (surtout quand je songe aux gens qui souffrent d'un deuil insurmontable, (mais aussi aux enfants hospitalisés) qui souffrent réellement dans leur chair au moment où vous lisez ces lignes). C'est trop facile. Car, si dans Juste avant le bonheur, il semble y avoir un petit socle autobiographique, c'est loin d'être le cas chez la plupart des auteurs actuels et je trouve souvent leur démarche déplacée, et d'un profond cynisme. Je les imagine presque derrière leur bureau en train de se tapoter le menton du bout de l'index. du genre : « Tiens, qu'est-ce que je vais bien pouvoir infliger de plus aujourd'hui comme malheur à mes personnages pour émouvoir mes lecteurs ? »
Oh oui, qu'il m'énerve ce procédé qui consiste depuis quelques temps à prendre en otage les cordes sensibles des lecteurs !
Bref, désolée pour ce mini-coup de gueule, et pour Agnès Ledig que ce soit « tombé » sur elle. Cela aurait pu « tomber » sur bien d'autres tant la « littérature contemporaine » regorge actuellement de ces romans. « tire-larmes ».
Lien : https://ladelyrante.wordpres..
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