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Critique de moertzombreur


« Je suis un désert qui monologue »
Ce roman autobiographique est bouleversant. Elle y raconte son enfance dans l'opprobre, le rejet de sa mère, l'internat, seule sa grand-mère lui apporte un peu de tendresse. Et puis elle raconte sa vie à Paris où elle enchaîne les petits boulots, elle travaille dans l'édition, entre autre. Elle évoque aussi avec une grande liberté sa sexualité, son attirance aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ce qui fit scandale lors de la publication du livre. Mais ce qui m'a frappé avant tout c'est l'écriture : un mélange détonnant, des phrases au style somptueux, l'utilisation de métaphores très poétiques, avec un feu qui vous emporte au coeur de ses pensées, et aussi un côté plus brut, des phrases qui se rapprochent plus de la langue parlée, les termes argotique qui apportent une crudité, un côté charnelle. Une écriture totalement libérée, à son image, sa sensibilité, sa tolérance, l'aveu de ses faiblesses et de ses doutes, notamment sur son physique, tout cet ensemble fait de Violette Leduc en devient un "personnage" vraiment attachant, d'ailleurs elle interpelle souvent son "lecteur". Avec son style expressionniste, elle nous parle aussi de la
rédemption qu'elle a pu trouver en écrivant. Elle évoque beaucoup ses amours, et surtout leur impossibilité, l'impression d'être toujours en décalage, et donc souvent renvoyée à elle-même et du mal-être que cela engendre.
"Je me sentis fondre de bonheur et de tristesse. Je le souhaitais sans oser me l'avouer. Oui c'était mon souhait qui n'avait jamais vu le jour. Je lisais mon nom à l'étalage des librairies, c'était une joie et une maladie secrète, c'était l'impossible. Ecrire... Je me sentis molle, toute chloroformée d'incapacité. Toute disponible pour ne rien faire.
Ecrire... (...) Il me demandait de bâtir une maison alors que je n'étais pas maçon. C'était pire qu'un vertige si j'y pensais une seconde avec sérieux."
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