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La pointe-sèche d'un style exigeant, original, incisif. Une écriture qui veut nommer, tout dire. 'Je voulais tout dire et j'ai tout dit.' VL bourlingue dans d'autres mondes et déploie pour nous une grande valse en éventail. Evasions dans le merveilleux, envolées lyriques éblouissantes. Tonifiantes. Inattendues. Le réel s'épanche en confidences. 'Je rêve et j'interprète', nous dit-elle. Trésors à prendre. A qui sait entendre. Elle touche du doigt un monde qui a besoin d'elle pour se montrer. Elle boit et nous donne à boire. Nous surprend toujours. Connaissance par les gouffres. Violette a une curieuse manière de se livrer. Peu importe, d'ailleurs, ce qu'elle raconte, tout est à prendre. C'est la manière. Un style incomparable. Souci de l'exactitude. Elle s'écorche, s'abîme, pour le mot juste, introuvable. Jamais contente. La fièvre d'une chercheuse d'or. Son écriture pointue, musquée, est un soleil qui ne trahit pas.
Ses combats de boxe. Une atlète de la souffrance, elle l'était, avec Michaux qui écrivait: "quand je ne souffre pas, me trouvant entre deux périodes de souffrance, je vis comme si je ne vivais pas." Mais sa souffrance n'est pas une fin en soi, c'est un procédé, un échauffement, un renfort, une ascèse: 'une terrasse sur une autre chose encore", comme disait Pessoa. 'Un chagrin qui ne sert à rien est grotesque', s'expliquait-elle dans L'asphyxie.
On éprouve de la gratitude, de l'affection, pour cette oeuvre qu'on boit à longs traits. On est à genoux devant Violette et on a pas envie de se relever.
Vraiment, "la nécessité d'apprendre est plus grave, qu'une simple crise de curiosité."
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La Bâtarde est un roman dérangeant. Autobiographique, il relate sans concession l'enfance, l'adolescence et la vie d'adulte de Violette Leduc, fille puis femme au physique ingrat, au nez prédominant. le roman tourne autour du thème de la honte, de la mesquinerie, la jalousie, mais parle également de souffrance, d'écriture, d'amitié et d'amour.
On y voit naître l'écrivain par le regard de l'enfant qu'elle a été, ce regard qu'elle pose autour d'elle et dont elle se souviendra des années plus tard.
Autour d'elle se profile le Paris d'avant-guerre puis celui de la gueere, des délations et de la résistance. Violette, jeune femme, se lie d'amitié avec Maurice Sachs, pas toujours irréprochable dans ses opinions et agissements, mais aussi avec le couple Beauvoir-Sartre. Elle travaille, écrit, découvre le beau monde.
La Bâtarde est un roman captivant, mais le regard franc, pour ne pas dire impitoyable qu'elle porte sur elle-même laisse au lecteur un sentiment de malaise.
Je n'ai pas vu le film Violette, adaptation de la vie de Violette Leduc, et je ne sais pas si cette impression y est également exacerbée.
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Comment devient-on écrivain si on ne l'est pas dès sa naissance ? Dans ce livre de Violette LEDUC, c'est le cheminement d'une femme, d'une enfant qui grandit sans comprendre jusqu'à ses 37 ans. Née au début du siècle dernier, la Bâtarde, narre l'histoire personnelle de V. LEDUC, son enfance délicate, son physique jamais accepté, son attirance pour les deux sexes, son égocentrisme, sa mesquinerie, son spleen, ses doutes, ses rancoeurs, ses amours, ses passions, ses rendez-vous manqués…
Une vie de femme, chahutée, mais au destin tel, que toutes ses rencontres lui permettront de se transformer.
Une écriture rapide, assassine. Eviter la lourdeur, des phrases courtissimes. Violette LEDUC semble toujours vivre du mauvais côté de l'événement. Eternelle insatisfaite, elle paraît trouver et donner un sens à sa vie en s'enrichissant du marché noir dans les années d'occupation. Des femmes, des hommes, traversent son existence, elle les aime mal, trop, ou trop tard. Ils la laissent, face à elle-même, elle qui ne se supporte pas.
La Bâtarde est publiée dans l'édition l'Imaginaire, c'est normal tant à chaque page et souvent aux détours de nombreux délires, on sent le malaise psychologique, parfois psychiatrique.
De belles pages d'introspection sur une nature humaine qui cache son jeu, quand elle est trop laide à voir. Rien n'est enjolivé et pourtant tout ce qu'elle écrit est beau.
Violette écrit pour elle. C'est sa confession, l'autre importe peu et pourtant elle l'interpelle souvent, le lecteur.
C'est la force de ce livre, ne rien cacher, même ce qui relève de l'indicible, croyons-nous, comme si seul face à soi on peut enfin être honnête avec soi (voire) mais le faire pour l'autre comme le chemin d'une liberté qu'on trace, une façon de s'éterniser.
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De Violette Leduc, je n'avais jamais rien lu. Elle fut pourtant très à la mode dans les années 60-70 encensée par le tout-Paris littéraire. Je reconnais qu'elle a un style qui mérite le détour mais je me rends compte que les autobiographies, si elles ne sont pas travaillées à la manière d'un roman, me lassent. Il y a des longueurs; et puis, un manque de construction qui rendent la lecture fastidieuse. Bien sûr, il lui a fallu beaucoup de courage pour se raconter et le faire sans concessions: avouer ses manques et nous dévoiler ses vulnérabilités montrent finalement sa force de caractère et son appétit à vivre. le jeu en valait sûrement la chandelle et son écriture a sans doute eu pour elle un effet réparateur. J'ai apprécié me replonger dans une époque que je n'ai pas connue (celle de l'occupation en particulier) mais j'ai eu bien du mal à éprouver de l'empathie pour le caractère névrotique de Violette Leduc et la qualité littéraire n'a pas, à mes yeux permis de faire de cet ouvrage le chef-d'oeuvre que Simone de Beauvoir proclamait.
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« Je suis un désert qui monologue »
Ce roman autobiographique est bouleversant. Elle y raconte son enfance dans l'opprobre, le rejet de sa mère, l'internat, seule sa grand-mère lui apporte un peu de tendresse. Et puis elle raconte sa vie à Paris où elle enchaîne les petits boulots, elle travaille dans l'édition, entre autre. Elle évoque aussi avec une grande liberté sa sexualité, son attirance aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ce qui fit scandale lors de la publication du livre. Mais ce qui m'a frappé avant tout c'est l'écriture : un mélange détonnant, des phrases au style somptueux, l'utilisation de métaphores très poétiques, avec un feu qui vous emporte au coeur de ses pensées, et aussi un côté plus brut, des phrases qui se rapprochent plus de la langue parlée, les termes argotique qui apportent une crudité, un côté charnelle. Une écriture totalement libérée, à son image, sa sensibilité, sa tolérance, l'aveu de ses faiblesses et de ses doutes, notamment sur son physique, tout cet ensemble fait de Violette Leduc en devient un "personnage" vraiment attachant, d'ailleurs elle interpelle souvent son "lecteur". Avec son style expressionniste, elle nous parle aussi de la
rédemption qu'elle a pu trouver en écrivant. Elle évoque beaucoup ses amours, et surtout leur impossibilité, l'impression d'être toujours en décalage, et donc souvent renvoyée à elle-même et du mal-être que cela engendre.
"Je me sentis fondre de bonheur et de tristesse. Je le souhaitais sans oser me l'avouer. Oui c'était mon souhait qui n'avait jamais vu le jour. Je lisais mon nom à l'étalage des librairies, c'était une joie et une maladie secrète, c'était l'impossible. Ecrire... Je me sentis molle, toute chloroformée d'incapacité. Toute disponible pour ne rien faire.
Ecrire... (...) Il me demandait de bâtir une maison alors que je n'étais pas maçon. C'était pire qu'un vertige si j'y pensais une seconde avec sérieux."
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N'ayant pas vu le film "Violette", j'ai préféré lire directement l'auteur." La bâtarde " est un texte en grande partie autobiographique. Elle évoque son enfance, ce père qu'elle n'a pas connu, cette mère qu'elle adore mais qui ne lui accorde pas tellement d'attentions puis la découverte de la sexualité et sa vocation d'écrivain. Un texte fort, des phrases concises. Un personnage entier et tout le temps dans l'excès, au bord de la folie. A découvrir.
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Aguichée par le film "Violette" avec Emmanuelle Devos sorti en 2013, j'ai décidé de me plonger dans l'autobiographie romanesque qui l'a inspiré, "La Bâtarde", le plus grand succès de Violette Leduc, découvert et préfacé par Simone de Beauvoir.
Née en 1907 d'une union illégitime, Violette Leduc sera marquée toute sa vie par le sceau de la honte. Enfant laide et souffreteuse, complexée par son nez, à la fois rejetée et surprotégée par une mère maladroite, Violette n'aura de cesse de chercher l'amour, où qu'il se trouve.
La pionnière de l'autofiction nous livre ici son éducation sentimentale et littéraire, dans une langue éminemment musicale et poétique, à travers l'évocation de ses relations saphiques, ses débuts dans l'édition en tant qu'échotière chez Plon, qui lui feront découvrir les grands auteurs de l'époque tels Cocteau, Duhamel, Gide ou encore Proust, ainsi que dans le cinéma, où elle cotoiera de nombreux acteurs. Eternelle insatisfaite, elle nouera une relation ambiguë avec Maurice Sachs, homoseuel comme elle, qui l'incitera à écrire et la fera publier.
J'avoue avoir peiné pour finir ce pavé de 650 pages, de par la densité de l'écriture, pourtant tenue de bout en bout, à laquelle nous ne sommes plus du tout habitués (merci les auteurs contemporains) ! Les 200 dernières pages notamment, dans lesquelles la narratrice évoque dans le détail comment elle a fait fortune dans le marché noir pendant la guerre en faisant du trafic de beurre et de canards entre Paris et la Normandie est un vrai pensum !
Si les malheurs (relatifs) de la pauvre Violette peuvent lasser à la longue, moi j'y ai surtout vu le portrait d'une femme libre et indépendante, féministe avant l'heure, et un écrivain de talent : c'est autre chose que la soupe autofictionnelle que l'on nous sert aujourd'hui à la sauce prix littéraires...
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Roman autobiographique, Violette Leduc est la narratrice de sa vie. Fille bâtarde d'un fils de famille qui ne l'a pas reconnue, Violette porte ce stigmate toute son enfance. Elle est élevée entre sa mère et sa grand-mère, une enfance pauvre, jusqu'à ce que sa mère épouse un commerçant assez aisé. A l'internat, elle éprouve ses premiers émois amoureux avec une autre pensionnaire. Violette nous conte sa vie, ses amours homos ou hétéros, ses emplois hétéroclites, sa paresse, ses amitiés et surtout son amour de la lecture. C'est le récit d'une femme libre dans tous les sens du terme, sans fausse pudeur mais aussi sans complaisance envers elle-même. Elle raconte sa soi-disant laideur qui la fait cependant remarquer par les grands couturiers, ses faiblesses, une personnalité trouble complètement assumée, son mariage avec un homme dont on ne sait si elle l'épouse par amour ou pour sa pension. Elle est comme ça Violette, tout et son contraire, à la fois honnête et calculatrice, amoureuse mais intéressée, fidèle en amitié, parfois.

Et puis elle a un style, et même du style, époustouflant par moments, singulier, fantaisiste, puissant qui semble couler de sa main au fil de ses sentiments, de ses émotions. C'est un style qui, par moments, défie les règles de la grammaire et de la prose, sauvage, sans brides, comme elle. Je ne suis pas sûre que je lirai un autre livre d'elle, mais je ne regrette pas l'expérience littéraire, car c'est une expérience.
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"Le coeur est fatigué, le coeur est rafraîchi par le chagrin."

En 1964, Violette Leduc fait paraître La Bâtarde, premier tome autobiographique qui seront au nombre de trois — s'ajoute en 1970 La Folie en tête et en 1973, publié de manière posthume, La Chasse à l'amour.

Trois titres caractéristiques de la vie de l'auteure : obligée de vivre avec ce statut de bâtarde qui lui colle à la peau ; atteinte d'hallucinations vers la fin de sa vie, sa santé mentale était pour le moins fragile ; éternelle insatisfaite, Leduc souhaitait vivre un amour vrai, intense, durable. Malheureusement ça n'a pas été le cas.

La Bâtarde paraît à une époque où l'auteure est encore largement méconnue malgré les diverses tentatives de Simone de Beauvoir— c'est grâce à elle si en 1947, Leduc fait paraître son premier roman, L'Asphyxie — qui décide alors d'en écrire la préface.
Et quelle préface ! tout en grandiloquence, en éloges pour une écrivain sensible et malheureuse.

La Bâtarde reprend et synthétise d'une certaine façon les histoires racontées dans ses premiers romans : L'Asphyxie, L'Affamée, Ravages tout en ajoutant une dimension véridique à l'entreprise.

La Bâtarde est un ovni, oscillant entre autobiographie dans son sens traditionnel et journal de bord parfois. On se perd dans les temporalités, dans les adresses aux personnages ou au lecteur. Parfois elle divague et va écrire quelques pages qui, quand on regarde dans la totalité, représentent des sortes d'îlots, de petits éléments indépendants des autres.

Quand m'embrasseras-tu jusqu'à ce que je demande grâce ? J'embrasse tes phrases, j'embrasse tes mots, je promène mes lèvres sur ton papier à lettres. Quand seras-tu dans mes bras ?

La Bâtarde est un texte foisonnant et complexe où l'auteure nous perd parfois, où on a souvent reproché l'aspect précieux de l'écriture de Violette.
Pourtant, il a failli remporter le Goncourt de cette année-là (décerné à Georges Conchon pour L'État sauvage) et il lui a permis de connaître la renommée.

Violette Leduc est rapidement retombée dans l'oubli, comme si son écriture tenait de l'éphémérité, comme si elle n'était pas assez talentueuse pour avoir droit à la postérité.
Mais ça c'était avant, avant que les courants féministes s'en emparent et en face un symbole.
Je ne suis pas certaine que Leduc aurait accepté d'être utilisée comme exemple, je ne suis pas certaine non plus qu'elle mérite uniquement d'être connue comme une des premières femmes ayant écrit sur son homosexualité — qui relève plutôt de la bisexualité puisqu'elle a aimé autant d'hommes que de femmes.


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Avec La Bâtarde, Violette Leduc visite son passé sans complaisance aucune. Une vie marquée par la peur absolue de l'abandon : sa mère, sa grand-mère, ses amis, ses amours, toutes relations qui ont vu le jour et se sont consumées dans la tourmente. Celle de ne pas être aimée, de ne l'être pas assez ou pas de la bonne manière, celle de ne pas être l'unique. Cette tourmente est aussi celle de ce premier demi-siècle, modelé par deux grandes guerres.

A la violence mondiale fait échos, mais de manière détachée, celle qui habite les entrailles de l'auteure et prend ici les atours d'une écriture où la mesure n'a pas sa place. Sa puissance entêtante met parfois mal à l'aise, comme on imagine qu'ont pu l'être celles et ceux qui ont côtoyé l'écrivaine. Aucun enjolivement, Violette Leduc se fait miroir d'elle-même et renvoie une image souvent détestable et destructrice. Une misère intérieure qui pourtant émeut, habitée qu'elle est par un désir furieux de vie et de reconnaissance, par une force pesante et sans logique.

Un ouvrage dense à la beauté particulière mais qui procure somme toute un léger soulagement lorsqu'il se clôt.
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