D'accord. « Où on est, bon Dieu ? » n'est pas la bonne question, dit bethany. Où on est, bordel de merde ?
- Qui appelez-vous ? demanda Travis.
- Un général de l'armée de l'air que je connais. Il dirige les forces de réserve.
- Vous lui faites confiance.
- Il me mouchardait quand je séchais les cours, mais nous nous entendons mieux depuis.
"Ville-Frontière est déserte dans le futur. Le matériel a disparu. Les ordinateurs et les archives papier aussi." Elle arqua un temps. "Toutes les entités ont disparu.
On a vérifié tous les locaux, repris Paige. On a passé la majeur partie du lundi à parcourir les salles et couloirs déserts du complexe. Pas de cadavres. Aucune trace de combat. Le mobilier de base est toujours là. Certains lits sont faits, d'autres non. Comme par n'importe quel après-midi, comme si tout le monde était parti et avait coupé le courant en sortant. Même chose dans tous les labos, les résidences, toutes les parties communes. Ensuite on est allé voir ce qui nous importait le plus."
- La Brèche", fit Travis.
« Entité » désignera tout objet qui sort de la Brèche. A ce jour, on a observé que les entités apparaissaient au rythme quotidien de trois à quatre. Les entités sont de nature technologique et laissent supposer une conception au-delà des capacités humaines. Dans la plupart des cas, leurs fonctions ne sont pas immédiatement apparentes aux chercheurs sur place à Wind Creek.
Il est bloqué. Je ne peux pas le définir autrement. L'avenir que nous montrent les cylindres, c'est comme un instantané de celui vers lequel on se dirigeait à l'instant où on les a mis en route pour la première fois.
- On peut donc toujours sauver le monde de ce côté de l'ouverture, dit Travis. Mais l'avenir qu'on voit de l'autre côté restera en ruine.
« Brèche » désignera l'anomalie physique survenue à l'ancien site du Très Grand Collisionneur d'ions à Wind Creek, Wyoming. Le complet échec systémique du TGCI le 7 mars 1978 a crée la Brèche par des moyens inconnus. La Brèche peut être un pont Einstein-Rosen, ou trou de ver.
Après quoi plus personne n'a écrit d'articles pour les journaux, plus personne n'a corrigé les orbites des satellites. A un moment donné, semble-t-il, plus personne n'a plus rien fait.
Il n'avait plus la notion du temps. Si près d'elle, il pouvait perdre des heures sans s'en apercevoir. Ce qui était atroce car ce temps si court était tout ce dont ils allaient disposer. Il le sentait déjà qui s'enfuyait.
"C'est tout le monde, hein ? dit Bethany. Ils ont vraiment fait ça. Ils sont venus ici et... ils sont morts."
Travis la regarda. Vit ses yeux s'assombrir soudain d'une autre pensée.
"On était peut-être avec eux, dit-elle. Nos ossements sont peut-être quelque part là-dehors."
Peut-être n'était-il bon que pour en avoir l'air...