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Critique de livrevie


A l'occasion de la sortie évènement de ce roman dont on a très longtemps ignoré l'existence, les éditions Grasset ont publié une nouvelle fois « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur », roman qui a marqué son temps en devenant un incontournable de la littérature américaine. À la fin de l'ouvrage, ils ont introduit une note explicative, rappelant les aventures éditoriales de l'auteur et éclairant certains points de « Va et poste une sentinelle », une bonne façon de préparer le lecteur à découvrir cet inédit. Je ne peux que les remercier de l'avoir fait, ils m'ont permis d'aborder le texte sous un autre jour, et ainsi, d'éviter un jugement trop hâtif.

L'action se déroule vingt ans après « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » mais le roman a été écrit avant. Il est important d'avoir ce détail en tête avant de se plonger dedans, car s'il s'agit d'une suite temporelle, elle ne l'est en rien dans l'écriture, et cela explique, à mon avis, certaines déceptions que j'ai pu lire à son sujet.

L'on retrouve donc les personnages qui ont fait vivre « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur », Jean Louise, Atticus, Calpurnia sont bel et bien présents, mais les choses ont changé, le monde a changé. Rien d'anormal. La terre tourne, le temps passe, le monde évolue. Mais il a parfois bien du mal à s'adapter à ces évolutions, pour ne pas dire à les accepter.

Qu'il est difficile de grandir et de ne plus vivre protégée par la cuirasse de l'enfance ! Qu'il est difficile de voir les autres vieillir et de se rendre compte que finalement, ce ne sont que des êtres humains ! Qu'il est difficile d'accepter que les mentalités restent parfois enlisées la boue d'il y a un siècle ! Qu'il est difficile de voir les combats à mener, les luttes intestines alors que l'on voudrait juste être blottie dans les bras bienveillants de ceux qu'on aime, ces mêmes bras qui désormais nous rejettent...

La lecture de ce roman m'a déstabilisée dans un premier temps. Je ne retrouvais pas complètement ce qui m'avait charmée dans « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur », mais garder à l'esprit qu'il s'agissait là d'une sorte d'essai, des balbutiements finalement de ce qui ferait la force ensuite du roman phare, m'a offert une autre lecture du texte. Parce que c'est ainsi à mon avis qu'il faut l'aborder : oui, il y a quelques incohérences, oui, parfois l'auteure erre un peu, oui, les discours peuvent être choquants parfois, lents aussi... Mais quelle force malgré tout dans ce récit ! Quelle acuité aussi ! Et dire que l'auteure voulait le laisser enfermer dans un tiroir... Que cela aurait été dommage !

Dans ce texte, si l'on lit entre les lignes, se dégagent tous les piliers de « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur », les fondations, la naissance en quelque sorte, mais pas simplement. Ce récit porte un regard acéré sur cette société qui palpite, divisée entre passé et présent, entre tradition et modernité. Vibrent des interrogations qui auraient pu déranger à l'époque et qui dérangeront certainement encore dans un futur proche. Comment faire évoluer les choses ? Les mots suffisent-ils ? Les poings sont-ils nécessaires ? Et la justice dans tout cela ? le droit est-il une réponse possible ? A-t-il des limites ? Qu'en est-il de la religion ?

Le résultat est simple, j'ai adoré cette lecture malgré ses défauts, l'on sent dans ce texte toute l'énergie qui animera ensuite "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", sans la protection de la candeur de l'enfance. Scout bien grandi, elle est une femme maintenant, et ne peut plus se cacher derrière sa salopette tachée d'herbe. Il est temps d'ouvrir les yeux... Mais que la tâche est rude! Notre monde en fait l'expérience tous les jours.

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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