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Citations sur Les routes de la vodka (20)

La Sibérie était – et demeure – un Far West russe. Un Far East, donc. L'histoire de son exploration, presque inconnue en Occident, comporte assez d'épopées, de drames et d'anecdotes pour inspirer un million de films d'aventure. Mais Hollywood se trouve aux États-Unis d'Amérique et les cinéastes n'ont pas puisé dans ce réservoir pour nourrir leurs scénarios. Notre imaginaire grouille de renégats évoluant dans les déserts d'Arizona et de justiciers chevauchant dans les grandes plaines. Mais qui sait que des géographes, naturalistes, mercenaires, trappeurs et brigands s'aventurèrent, à partir du XVIème siècle, avec des moyens rudimentaires, en remontant des fleuves gigantesques, à travers la taïga et les marais infestés de moustiques, royaumes de l'ours et du loup, par 40 ºC au-dessous ou au-dessus de zéro, à plusieurs milliers de kilomètres du village le plus proche, et qu'ils y rencontrèrent des peuples qu'ils affrontèrent et soumirent, que des chefs ennemis fomentèrent des vengeances, que l'on pilla, s'étripa et fraternisa durant des siècles, avec comme décor les espaces les plus vastes et les moins densément peuplés au monde ?
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L'ivresse du pouvoir a de multiples carburants. Elle se nourrit de la psychologie des puissants, de leurs traumatismes, des guerres, de la solitude des hautes sphères, de l'espionnite, de la lutte des clans, de la paranoïa qui finit par rendre aveugle, ou fou, ou les deux, et alors, quand l'alcool et les psychotropes s'ajoutent à ce cocktail, le pot devient vraiment pourri. Et l'on finit par planter des statues dans les montagnes d'Asie centrale. En plus de borner le territoire, les effigies de Lénine symbolisaient le domination de l'homme sur la nature, autre obsession des hiérarques soviétiques. Il fallait barrer les fleuves, araser les collines, défricher les plaines, industrialiser les rivages, et tout cela sans limite, comme si rien ne pouvait arrêter l'Homme. A posteriori, cette philosophie apparaît d'autant plus pathétique ici, au Kirghizstan, où les montagnes tutoient les 7 000 mètres, et où chaque massif, chaque torrent, ridiculise par sa beauté les entreprises ridicules d'Homo Sovieticus.
(p. 180)
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Comme beaucoup d'ex-Soviétiques, Liouba utilise simplement le terme "Soyouz" (Union) pour désigner l'ex-URSS, expurgée de fait des mots "républiques", "socialistes" et "soviétiques", soit tout le baratin politico-dogmatique. Ne reste plus que l'Union, uniquement l'Union : le plus important, au fond. Et Liouba dit cela sur un ton presque chantant, empli d'une nostalgie douce.
— Vous regrettez l'Union Soviétique ? dis-je.
— On est un seul peuple ! Larissa, par exemple, est ukrainienne. Mais elle est russe. Nous, on est kazakhs, mais russes aussi. On ne fait qu'un. Il n'y a pas de différences. C'est l'Union...
Tout le monde approuve et je comprends un peu plus que les liens unissant la Russie à son ex-empire ne consistent pas qu'en tracés de gazoducs et accords douaniers. C'est une question d'hommes, de femmes, une question d'âme et de racines, de culture partagée, un mariage pour le pire et pour le meilleur. Il nous est difficile, vu d'Occident, de comprendre les rapports russo-ukrainiens ou russo-kazakhs, parce qu'on ignore souvent la complexité de ces relations.
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Un petit chien caresse mes mollets.
- C'est pas le nôtre, dit la jeune fille installée à mes côtés. Il était à des vacanciers. La dame est morte il y a trois jours.
- Ah...
- ... Son mari l'a brûlée vive dans son chalet parce qu'elle ne voulait pas lui donner d'argent pour acheter de la vodka.
- Oh !
Je lui fait répéter. Elle confirme. Son père qui a entendu notre conversation acquiesce. Le drame se serait déroulé ici même, il y a une dizaine de jours.
(p. 261)
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En Géorgie, admirer un collègue lorsqu'il triture une canalisation et commenter les événements avec deux autres zigues oisifs n'est absolument pas anormal. On dirait même qu'il est conseillé de prendre du recul et, de fait, de prendre son temps. Les drogués au produit intérieur brut diront qu'un peuple se comportant de la sorte fonce vers l'Apocalypse. On peut aussi penser que ledit peuple se prémunit contre la dépression et l'infarctus. Quand l'Occident aura obtenu la crise de nerfs qu'il fomente, les Caucasiens tranquilles lui diront qu'il n'avait qu'à bosser moins.
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La douanière se lève et, sans desserrer la mâchoire, pose une bouteille de vin sur le comptoir. Il est 4 heures du matin, je n'ai pas fermé l'œil depuis près de vingt-quatre heures. Je crois à une erreur de la banque en ma faveur.
— C'est pour moi ?
Elle acquiesce. Je saisis la bouteille ornée d'une étiquette sur laquelle un laïus rédigé en anglais vante les mérites de la Géorgie, terre d'opportunités pour les entrepreneurs : régime fiscal avantageux, situation stratégique, et cætera. Force du marketing ! Dans la plupart des aéroports, on accueille les étrangers avec – au mieux – des regards torves. Ici, on leur offre du pinard.
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Dans le caractère russe, boire n'est pas seulement gastronomique : le Russe boit quand il va mal ou quand il va bien, quand son fils est né, quand sa grand-mère est morte... C'est traditionnel. Voici le problème : quand le Russe ouvre une bouteille, il ne la referme pas tant qu'elle n'est pas finie. L'autre problème c'est la deuxième bouteille. Le Russe ne comprend pas qu'il y a des limites.
(p. 379)
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Quand le bon citoyen français se réjouissait de la trajectoire miraculeuse du nuage, Hidayat et ses frères raclaient la démoniaque poussière et se constituaient un stock personnel de radioactivité pour les siècles des siècles.
- Tu as des problèmes de santé à cause des radiations ?
- En Ukraine, à l'époque, le médecin m'a dit : "Bois de la vodka tous le jours ou tous les deux jours. C'est bon contre les radiations."
(p. 91)
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Allez, on boit un coup! on causera quand on sera sobre p252
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C’est plus fort qu’eux : les Russes font comme ils le sentent. Ils enfournent 15 bouteilles de bière dans un même sac en plastique et rajoutent par-dessus 1 kg de glace, et ça passe ou ça casse : mot d’ordre de tout un peuple.
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