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Critique de MaloWoisard


J'ai le souvenir curieusement précis d'au moins un article de presse outré il y a une quinzaine d'années, associant "Viande" à d'autres textes de la même génération, dévalués en termes excédés, excessivement pudibonds. Viande, c'est cru parce que c'est vrai. Un texte catapulte qui s'avale d'une traite, que je glisserai facilement entre des mains adolescentes parce qu'on y trouve le ton de ces ados que je croise sans cesse et car on leur évitera quelques pièges de la vie, dans d'autres mains pour une fraîcheur d'écriture de Claire Legendre qui rafraîchit l'esprit. A sa manière roman d'apprentissage, "Viande" expose le corps qu'on découvre, dont on se sert et dont d'autres se servent, arme comme victime, corps rarement triomphant ou exultant mais moyen et soi tout à la fois, qu'on découvre et apprivoise, autant qu'il peut nous perdre. Trois parties qui pourraient être trois nouvelles autonomes, particulièrement la première que j'ai préféré et qui pourrait se suffire à elle-même, qui démarre presque comme un conte fantastique et trouve sa vraie clé au retournement final confirmé à la fin du roman. C'est malin, même brillant. du coup, j'adhère moins à la deuxième partie, peut-être plus attendue. C'est livré à la première personne et cela démontre, démonte, justement sans faire donneur de leçon. "Tout le monde en parle, de cul". Là, on montre, sans le voyeurisme facile qu'on a dû reprocher parfois à l'époque mais, comme si on vivait de l'intérieur. On sent malgré tout toute une inventivité et un grand travail d'élagage, un dépouillement, la volonté d'être juste tout de suite, dans le je comme dans le jeu, par exemple d'une science des noms : qu'on pense aux évocations liés à "Timothée" "Octave" "Myrtille" "Eglantine" "Suzanne" etc. ! Si "Viande" m'a semblé un peu moins abouti ou plus inégal que d'autres oeuvres plus récentes de Claire Legendre, peut-être aussi parce que d'autres de ses sujets m'avaient plus touché, "Viande", cela fonctionne et cela sert ! "Qu'est ce que ça peut bien vous foutre le nom de celui qui a mal, du moment qu'il a mal ?" En exposant, pas seulement cela, le sexe comme une misère potentielle, dans la veine de "Matricule" que j'avais adoré, qui témoigne de la complexité du couple à vivre une paternité, on croise un auteur qui démythifie et casse les préjugés faciles. "Viande", emballé c'est pesé ? Non, cela ouvre les yeux et invite à nuancer, bien loin des jugements à l'emporte pièce que j'avais croisé il y a 15 ans.
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