Citations sur Chroniques à l'encre rouge, tome 3 : Sage mais pas trop (11)
L’obscurité et la lumière existent côte à côte. On ne peut avoir l’un sans l’autre.
La plupart des hommes pensent que les femmes sont incapables de supporter ne serait-ce que l’évocation de vérités déplaisantes.
C’était un homme d’Église, elle pouvait être franche avec lui. Tous les masques pouvaient tomber, d’une certaine manière, et cela n'aurait aucune conséquence. À quoi bon cette politesse un peu creuse, qui ne servait à rien, sinon à occuper le temps avec des paroles superficielles et des gestes vides de sens ?
Libérée de ses hésitations, Sarah laissa les mots sortir librement.
Malheureusement, il n’était ni bandit de grand chemin ni pirate. Et sa seule beauté ne lui permettrait pas de concurrencer les hommes qui habitaient les fantasmes de Sarah. La moitié des positions sexuelles qu’elle décrivait dans ses romans lui était sans doute inconnue. Cependant, faire son éducation tout en approfondissant la sienne était tentant…
Aucun des hommes présents dans ce jardin n’avait l’allure de ses héros. Aucun n’éveillait en elle de désir physique, animal. Son seul désir en cet instant, c’était écrire. Aucune pulsion érotique ne la faisait frissonner, et elle doutait que les hommes qu’elle croisait puissent y changer quelque chose. Pas un seul, en tout cas, n’aurait pu la pousser à renoncer au peu d’indépendance dont elle jouissait.
Le soulagement se répandit en elle comme le plus doux des baumes. Elle prit un moment pour savourer simplement la délicieuse sensation du crayon entre ses doigts. La feuille blanche attendait devant elle. Le paradis. Exactement ce qui lui avait manqué toute la journée.
En l’occurrence, elle était ravie de passer inaperçue aux yeux de la bonne société. Si elle avait été l’une des étoiles de la saison, elle n’aurait pas joui d’une telle liberté. Or la liberté et la possibilité d’écrire étaient ce à quoi elle aspirait avant tout.
Elle évita le cabinet particulier situé au bout du couloir. Elle ne trouverait pas la solitude qu’elle recherchait au milieu d’un groupe de commères ne parlant que de leurs robes et de leurs coiffures.
Il désirait ardemment avoir une compagne, mais doutait de trouver un jour celle qui comprendrait réellement la complexité de son être – a fortiori quand lui-même ne la comprenait pas.
Chaque nuit, il priait pour ne pas céder aux flammes qu’allumaient ses sens dans tout son être. En tant que fils du très respecté comte Hutton, Jeremy ne pouvait chercher l’apaisement auprès de comédiennes ou de demi-mondaines ; en tant que pasteur, encore moins, ce qui faisait de lui un volcan au bord de l’explosion.
Avait-il une chance de rencontrer un jour une femme à la fois douce, patiente, agréable et dotée d’un appétit sexuel de sirène ? Autant l’admettre, non.
La solitude était son lot, mais le vide qui l’accompagnait était comme une faim insatiable.
Les habitudes imposées à coups de menaces avaient la vie dure.