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Critique de Nota0Bene


Vous n'aurez pas haine : une lettre ouverte publiée par Antoine Leiris sur Facebook après la mort de sa femme en novembre 2015 au Bataclan. Vous n'aurez pas haine : cette même lettre relayée quelques jours plus tard par le quotidien le Monde. Vous n'aurez pas haine : un premier roman dans lequel il racontait les premiers jours suivant le drame, traversés avec son fils Melvil alors âgé de dix-sept mois. Vous n'aurez pas haine : presque un mantra. Quatre années plus tard, Antoine Leiris nous raconte "La vie, après". Parce que dans sa chronologie encore plus que pour les autres, il y a désormais un avant et un après. Mais surtout, oui, la possibilité d'un après. Sans épouse, sans mère pour son fils, mais avec des fantômes à apprivoiser, un petit garçon à élever, des mots à trouver. Posé, grave, doux : voici les qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour décrire le ton du récit d'Antoine Leiris. de son nouvel appartement parisien à l'école de son enfance en passant par une plage bretonne, il s'appuie principalement sur des lieux chargés de son histoire personnelle pour évoquer son enfance, sa rencontre avec Hélène, sa vie sans elle aussi. le fil rouge de son récit, on pourrait croire au départ que c'est son fils. En réalité, il s'agit de lui en tant que fils, en tant que frère et en tant que père qui se doit de réapprendre à l'être en acceptant de vivre avec des fantômes. Antoine était journaliste et son aisance d'écriture transparaît de façon évidente. Il nous dit avoir plusieurs fois tenté "de reprendre la plume" après la publication de son premier livre, plein d'urgence et de gris. Mais il ne parvenait pas alors à écrire une fiction. Avec ce nouveau livre, "le ciel se dégage" et c'est de façon lumineuse que le récit s'égaye d'anecdotes tantôt drôles (l'épisode des raviolis ou celui des lessives), tantôt nostalgiques (l'épisode de la sortie du bus) voire épiques (celui de la cabane perchée, au parc). Au-delà du drame vécu et de leur situation particulière, les mots d'Antoine Leiris, plein d'intelligence sensible et d'un amour paternel inconditionnel, peuvent résonner en n'importe quel parent. C'est souligner comme un enfant peut être le fruit d'un amour, comment cet amour nous interroge sur notre propre histoire, comme le quotidien peut se nuancer de mille états d'âme et ambiguïtés quand il s'agit de l'élever. Deuil, pouvoir de distanciation de l'art (littéraire et théâtral), amour filial : tout ça est évoqué avec beaucoup de sincérité et de tendresse. Un conseil : ne le lisez pas trop vite, au risque d'être comme moi, frustrée de devoir déjà le refermer.
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