Des maux à dire

La petite Vera n'a pas la chance d'avoir des soucis d'enfant.
Le problème de Vera, c'est sa mère Adela, si instable, qui ne pense qu'à se jeter d'une hauteur quelconque pour en finir, que ce soit en bord de mer ou du toit de l'immeuble.
Alors Vera prie, se bricole un petit autel voué à son Dieu personnel qui va délivrer sa mère de ses démons. Car les démons Adela les voit partout, sent leurs mains sur son corps quand ils viennent la nuit se glisser dans son lit. Chuuuut il faut se taire car ils nous écoutent !
La vie devient vite un enfer pour son entourage, le père s'échappe dans le travail en cumulant un travail dans une pharmacie et de peintre en bâtiment. le grand frère se dispute violement avec sa mère (persuadée qu'il est toxicomane) et fuit l'univers familial dès qu'il peut.
Résultat, Vera reste seule la journée avec sa mère dépressive, paranoïaque, de plus en plus gangrénée par la folie. La petite fille va faire ce qu'elle peut pour s'occuper de cette maman défaillante, dans une terrible inversion des rôles.
Quelle douleur, quel poids tout au long de son enfance et adolescence pour Vera !
J'ai beaucoup aimé le graphisme superbe parfois semblable à de la broderie, du patchwork, des dessins très naïfs et aux couleurs vives dans une iconographie inspirée de l'Amérique du Sud. On ne peut s'empêcher de passer les doigts sur les pages en s'attendant à sentir la douceur des fils.
Les couleurs sont gaies comme l'enfance, puis virent au sombre ou au noir et blanc quand sont abordés les souvenirs d'Adela.
Je n'ai cependant pas été touchée autant que je l'aurais souhaité, car je me suis sentie voyeuse, un peu mal à l'aise, tant il est évident que c'est sa vie que l'autrice a mis ici en dessins, et la douleur est encore tellement à fleur de peau que je pense avoir eu besoin de me mettre à distance.

Reçue dans le cadre d'une masse critique, j'ai été très heureuse de découvrir cette BD-roman graphique. Je remercie Babelio et Sarbacane.
Le récit est un témoignage de la vie de la mère de l'autrice et de l'impact sur l'enfance qu'elle a vécu. Vivre avec une mère malade sans pouvoir définir véritablement son mal-être. La mère se renferme, voit le diable partout, se persuade que son mari la trompe, que son fils se drogue et les harcèle. L'autrice va essayer d'aider cette mère et de la comprendre. La dureté de sa vie et de la maladie sont adoucis par un beau graphisme mêlant dessin et broderie.
Une oeuvre à découvrir et à lire.

Un livre reçu dans le cadre d'un masse critique de Babelio, je n'en avais jamais entendu parler alors que la thématique m'intéresse tout particulièrement. Avant de parler du fond, parlons de la forme, il s'agit d'un très beau livre, dont une partie des illustrations prennent la forme de broderies ! Je suis bluffée, c'est la première fois que je lis une bande dessinée brodée. L'intérieur de la couverture présente même l'envers des broderie qui constituent la couverture. Des dessins plus traditionnels ainsi que des ordonnances et comptes rendus médicaux complètent la mise en page du livre. L'autrice nous conte dans ce récit intimiste l'histoire de sa mère, sa mère, la folle. Sans jugement mais sans faux-semblant, l'autrice remonte le fil de l'origine des trouble psychique de sa mère, afin de mieux comprendre comment celle-ci a pu en arriver là et mieux comprendre aussi comment l'aider. Les dessins parfois enfantins contrebalancent la gravité de certaines scènes, vécu parfois à travers les yeux de l'autrice enfant. C'est terrible, mais véridique et une note d'espoir nous accompagne.
Un livre que l'on devine salutaire pour son autrice et qui fait du bien aux autres enfants des fous.

La chose que j'ai adorée dans ce roman graphique : ce sont les pages entières provenant de broderies faites à la main. Dans l'oeuvre, ces pages doivent représenter 25 % du livre et pourtant, elles donnent une dynamique complètement inédite dans le monde de la BD. L'histoire m'a également beaucoup touchée avec cette tension due à la maladie de la maman et surtout au travers de cette relation mère-fille complètement toxique pour la jeune fille.

J'étais évidemment très attirée par sa couverture sublime mais l'histoire d'amour entre une mère et sa fille que cette BD renferme est tout aussi belle. La mère de Véra a l'impression d'être poursuivie par un démon, est persuadée que son mari la trompe et que son fils se drogue. Elle va tout faire pour s'en débarrasser, de l'exorcisme à la psychiatrie. C'est une plongée assez fascinante dans la folie de cette femme et surtout dans la difficulté de ses relations avec son entourage.Toutes les pages ne sont pas brodées mais celles qui le sont sont magnifiques. Quel travail !