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Critique de cicou45


Ce livre est une véritable bombe. Autant vous prévenir tout de suite, pour s'attaquer à cette lecture, il faut avoir le moral au beau fixe et avoir les boyaux bien accrochés ! Mais, si vous êtes dans cette disposition d'esprit, surtout n'hésitez pas et laissez vous entraîner par l'écriture captivante de Pierre Lemaitre (on peut dire qu'il porte bien son nom...). En tout cas, en ce qui me concerne, même si ce livre n'est pas des plus réjouissants (loin de là), il a eu l'avantage de me réconcilier avec Les Prix Goncourt, moi qui avais été relativement déçue par celui de l'an passé "Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari.

Mais bon concentrons-nous sur celui de cette année puisque, de toute manière, c'est de lui qu'il s'agit ici et par conséquent, c'est lui qui nous intéresse.
L'histoire débute en novembre 1918, à quelques jours à peine de l'armistice entre les Allemands et les Français. Albert Maillard, l'un de nos protagonistes, se retrouve pris au piège dans un trou d'obus et probablement condamné à mourir enterré vivant. En levant, les yeux, il aperçoit le lieutenant Henry d'Aulnay-Pradelle qui n'a pas la moindre intention apparente de lui porter secours, bien qu'appartenant au même Régiment d'Infanterie que lui. Albert ne peut que le contempler de toute sa hauteur et il sait qu'il haïra cet homme jusque dans la mort. A côté de lui se trouve une tête de cheval qui, elle aussi, appartiendra à ses souvenirs, s'il en a un jour. Et il en aura effectivement puisque près de lui se trouve également un compagnon d'armes, Edouard Péricourt, un homme de vingt-trois ans, comme lui et qui, en le ramenant à la vie, se retrouvera à jamais lié avec lui. C'est bien Edouard qui, au départ, sauva Albert mais ce n'était qu'un prêté pour un rendu car désormais, les deux hommes sont liés à la vie, à la mort. Une sorte de pacte que l'on ne peut pas comprendre aujourd'hui et que les Poilus ne sont plus là pour nous témoigner puisque tous sont dorénavant morts mais que nos grands-pères, nos pères...enfin tous ceux qui ont fait la Seconde Guerre mondiale, ont pu ressentir...bien que les deux guerres ne sont en rien comparables. Pourtant, j'ose croire que cette esprit de fraternité se ressent dans chaque conflit, à chaque fois que l'on lutte pour, non pas vivre, mais du moins survivre.

Une fois démobilisés, nos deux compatriotes, vont alors essayer tout doucement de reprendre goût à la vie...mais le peut-on réellement lorsque l'on a vu des horreurs pareilles, que l'on a vécu dans la crainte, le froid et la faim ? Pour Edouard, qui s'est vu défiguré et qui a perdu à tout jamais l'usage de la parole, ayant refusé les soins de chirurgie que l'on lui proposait, il est impossible de rentrer chez lui, non pas pour les raisons que je viens d'évoquer mais tout simplement parce qu'il déteste son père, bien que celui-ci soit très riche (ce qui aurait pu lui apporter un mode de vie confortable). Ce dernier est en effet un homme froid, distant, qui ne l'a jamais compris et, pour ainsi dire, jamais aimé. Edouard va devoir changé de nom et se faire porté disparu afin que sa famille (son père et sa soeur Madeleine) n'apprennent jamais qu'il est vivant ! S'engage alors pour Edouard, désormais Eugène (grâce à l'aide d'Albert qui a réussi à intervertir ses papiers militaires avec ceux d'un soldat mort sur le Front) une vie de clandestinité dans laquelle Albert ne le quittera jamais...Leur principal souci étant celui de l'argent, Edouard...euh je veux dire Eugène, va alors imaginer la pire des escroqueries jamais pensé et qui peut leur rapporter gros...voire même très gros !

Bon, je ne vous en dis pas plus sur l'intrigue car avec les cent deux critiques déjà postées sur le site, je suppose que vous devez commencer à vous familiariser avec l'histoire mais sachez que malgré les cinq-cent soixante-six pages que fait cet ouvrage, le lecteur (moi du moins) n'en n'a jamais assez. Un livre trop vie lu tant il est bien écrit, une histoire passionnante avec des faits réels (en plus de l'histoire des Poilus, j'entends), d'autres complètement inventés de toute pièce mais non pas moins crédibles pour autant. Durant cette lecture, je me suis sentie très proche du personnage d'Edouard car j'ai retrouvé chez ma grand-mère des lettres que mon arrière-grand oncle écrivait à ses parents durant cette période. En consultant son registre matricule, j'ai appris qu'il avait été blessé et était mort un mois plus tard des suites de ses blessures, tout cela parce qu'il avait refusé de se faire coupé le bras parce que vous comprenez, un agriculteur qui n'aurait eu plus qu'un bras en rentrant chez lui, c'était impensable...puisqu'il était persuadé qu'il allait rentre, comme tous d'ailleurs. Il avait vingt ans.

Désolée pour cet aparté mais encore une fois, je ne peux que vous recommander la lecture de cet ouvrage, très touchant, sincère, saisissant de vérité...une merveille (si je puis me permettre de m'exprimer ainsi vu la gravité qu sujet abordé).
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