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Critique de zenzibar


Les dirigeants nazis furent des psychopathes sanguinaires et ne valaient pas la corde pour les pendre même si ce constat ne dédouane pas de méditations sur la banalité du mal.
Deux responsables se singularisent toutefois et offrent un profil plus complexe, Albert Speer et Erwin Rommel.
Au cas d'espèce il s'agit d'une biographie de Rommel
Contrairement à certains raccourcis, Rommel, fut très proche de Hitler, adhérant à sa doctrine précocement. En retour il fut le général préféré du führer au point que ce dernier lui « offrit » une mort avec les honneurs, digne d'une tragédie grecque.
Car Rommel aurait pu avoir un destin à la Bonaparte, à la Jules César, il n'a pas osé franchir le Rubicon.
A priori Rommel a eu la chance, dans le contexte de ce conflit abominable, de pratiquer une « guerre propre » en France, et surtout dans le désert où son mythe de dieu de la guerre se forgea, non sans quelques fondements.
On concédera qu'il y fit preuve d'un talent de stratège qui le place au panthéon des plus grands experts en la matière : Hannibal, Napoléon, Alexandre…Avec des moyens très inférieurs il réussit non seulement des combats victorieux, avec comme point d'orgue la prise de Tobrouk mais aussi des retraites sur des milliers de kms dans des conditions extrêmes où il put non seulement éviter une déroute mais sauver le gros de ses forces.
En revanche, Rommel échoua dans sa mission, fort heureusement, de mettre en échec le débarquement en Normandie. Certes, cette responsabilité est partagée et en toutes hypothèses la supériorité des moyens humains et matériels des Alliés rendaient sa tache quasi impossible. Il n'en demeure pas moins que son sens tactique, jusque là hors norme, fut pris en défaut. Il était persuadé que le débarquement aurait lieu dans le Nord Pas de Calais, même après le 06 juin il s'entêta à faire garder des forces importantes dans cette région dans l'attente chimérique du « vrai » débarquement.
Si les hasards de la guerre lui épargnèrent de se salir les mains dans la guerre d'extermination en URSS, si au cours de la guerre du désert il n'y eu pas de massacres de masse et les prisonniers furent globalement traités correctement, si, sans doute Rommel n'avait pas la tripe sanguinaire, l'essai de Lemay rappelle que le renard du désert ne fut pas pour autant une sorte d'objecteur de conscience, loin s'en faut. Il participa à la campagne de Pologne de 1939 au cours de laquelle les premières exterminations de masse furent pratiquées, il semble avéré que Rommel ne fit pas partie de ces généraux qui protestèrent contre ces exactions qu‘il n'a pas pu ne pas voir.
Carriériste, il devait ses fulgurantes promotions à la protection d‘Hitler, ce qui lui permit de compenser son non appartenance à la caste des aristocrates prussiens. Il fut aussi starisé comme aucun autre chef militaire par la propagande nazie, ce qui flattait son ego. Dans ce contexte, reconnaissant envers son führer qui le fascinait tant, il lui resta fidèle jusqu'au bout, Il refusa de participer au complot de juillet 1944 alors qu'il avait été approché à plusieurs reprises.
Fort d'une popularité sans égale dans le peuple allemand et alors que dans différents milieux on n'était prêt à le désigner comme le nouveau dirigeant de l'Allemagne, Rommel aurait pu forcer le destin.
Si l'assassinat de Rommel d'Hitler ne fit pas partie de ses réflexions, il semble qu'il songeait sérieusement à « ouvrir » le front à l'Ouest, laisser passer les Alliés ; cette initiative conjuguée à la réussite de l'attentat du 20 juillet auraient pu modifier le cours de l'histoire, ne serait-ce qu'en évitant des millions de morts supplémentaires.
Dans cette biographie essentielle pour qui s'intéresse à cette période capitale, on relèvera néanmoins deux insuffisances dans ce livre : l'absence d'illustrations, cartes, documents qui aident à la compréhension des opérations militaires parfois difficiles à suivre avec ces flux et reflux d'opérations, et le faible développement dans le récit de l'action de Rommel pendant la campagne de Normandie
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