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Citations sur Les miroirs de Suzanne (14)

Dans les larmes de Martin, il y a les souffrances qui sautent aux yeux, celles que l’on devine et celles que l’on côtoie sans les remarquer. Celles qui durent et celles qui finissent par s’estomper. Celles qui font vieillir et celles qui endurcissent. Celles que l’on expose et celles que l’on tait.
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Avant de claquer la porte, elle aperçoit son reflet dans le miroir de l’entrée. Ses paupières sont légèrement gonflées, ses traits tirés, de petites rides courent autour de sa bouche. Mais ce visage qu’elle ne prend plus le temps de regarder est bien le sien. Elle se souvient. Elle est vivante.
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Mais aucune de ces pensées ne la retient, elles s’évanouissent et Suzanne revient, malgré elle, au journal disparu. Dans la pénombre, elle continue son inventaire. Le cahier au papier ligné, qu’elle avait acheté dans une papeterie non loin de l’église Saint-Germain-des-Prés. Pendant plusieurs années, elle avait opté pour le même modèle; seule la couleur différait. Le rouge avait été celui de son premier baiser, l’été de ses dix-huit ans. Adrien. Comme Antoine, il était écrivain. C’était parce que Antoine avait évoqué ses livres un dimanche que Suzanne avait eu envie de les lire. Elle lui avait écrit, Adrien avait répondu et lui avait donné rendez-vous. Lui aussi avait trois fois son âge. Mais il était libre. Un soir d’été, près du Pont-Neuf, ils s’étaient embrassés. Dans son cahier, Suzanne avait collé un brin de bruyère. Sur la dernière page, alors qu’Adrien venait de lui signifier la fin de leur brève histoire en laissant un message sur un répondeur, elle avait écrit C’est fini. je ne serai plus jamais une petite souris. 
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Après s'être rapidement démaquillée, elle se brosse les dents et va se coucher. Le visage endormi de Vincent ce soir est tourné de son côté à elle. Elle s'allonge près de lui, embrasse doucement son épaule et se laisse bercer par le rythme de sa respiration. Elle n'a jamais dormi avec Antoine. Ils se voyaient souvent mais il ne lui laissait pas prendre une autre place que celle qu'il avait décidé de lui donner. C'était toujours lui qui téléphonait…...il venait chez elle mais ne l'invitait pas chez lui, partait en voyage sans lui proposer de le rejoindre. Suzanne se taisait, elle acceptait tout.
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L’écriture a toujours été au centre de sa vie. Ses cahiers, mais aussi au collège de petits mots échangés pendant les cours de russe, des feuilles quadrillées noircies en douce au lycée, un journal à quatre mains tenu pendant un an avec une amie, des lettres par dizaine à sa grand-mère, à Clara, Antoine, Adrien, Serge, des nouvelles, une pièce de théâtre.
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J'ai envie d'une belle histoire, d'amour partagé, du prince charmant, l'homme de ma vie, la folie d'aimer. / J'aime cet état de séduction inconsciente, de fantasme, cette tendresse retenue. Peut-être que si je faisais l'amour avec lui, ça gâcherait tout. / Il faudrait que j'écrive ses mots, ses rires, ses excès, sa fragilité, ma pudeur, mon désir, mes peurs. / Ecrire pour dire, sans forme, ce que j'ai dans la tête, dans le coeur, dans le corps, ces pensées. Ecrire ma vie depuis des années, la consigner presque chaque jour, relire ensuite les pages noircies et pouvoir ainsi me souvenir plus précisément des moments vécus. / Je néglige tout à côté de lui. Je me sens comme entre parenthèses. / Il m'a dit qu'il me donnerait un objet magique à mettre au mur. / Ecrire. Pour ce qu'il me transmet. Pour cet amour que j'ai pour lui. Ecrire l'attente au téléphone. Sa voix. Son manteau en cuir noir. Sa façon de bouger sur la musique. Ses contradictions. Folie.
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Suzanne écrit ce qui lui vient. Un thé au lait dans un café une fin d’après-midi, le froid, la grève qui l’avait obligée à marcher, ses cheveux remontés en chignon, le châle coloré, tricoté par sa grand-mère, enroulé autour du cou, la soirée passée ensuite avec des musiciens, le billet de cent francs qu’Antoine lui avait donné pour qu’elle rentre en taxi et qu’elle avait gardé plié dans son portemonnaie, sa voix au téléphone le lendemain, ses larmes juste après, parce qu’elle voulait sa bouche, ses mains, elle voulait son corps et il le lui refusait.
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Ne jamais oublier ce que j’ai vécu de fort dans ma vie. Mes émotions, mes peurs, mes joies, mes tristesses. Etre sereine. J’ai quinze ans. En ce moment, j’attends. Mais un jour, tout s’épanouira.
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Adolescente, elle avait le sentiment d'être en devenir, de nourrir ce qui un jour allait éclore. Tout ce qui lui arrivait l'atteignait avec force. Chaque homme rencontré était un homme possible. Elle écoutait ses amies et se livrait sans pudeur. Du monde, elle était toujours le centre. Elle avait beau se sentir souvent disgracieuse ou transparente, l'avenir bruissait en elle.
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Dans le petit miroir accroché au mur, elle se regarde. Son reflet au-dessus du lavabo d'un restaurant, après avoir échangé son premier baiser avec Adrien, cet enfin ! qui lui était venu. Son corps tout entier observé après avoir pris un bain chez Serge un dimanche d'octobre. L'éclat de sa peau dans les toilettes de l'hôtel où elle venait de faire l'amour avec Antoine. La lumière tamisée d'une cabine d'essayage dans laquelle Vincent l'avait rejointe tandis qu'elle passait un nouveau soutien-gorge. Un premier cheveu blanc révélé dans la glace ronde de son poudrier, alors qu'elle avait accouché de Louise quelques heures auparavant. Dans les miroirs de Suzanne, une crainte toujours assombrissait la joie. La peur de se tromper, de souffrir, de ne pas savoir, de regretter. Ce soir, elle remarque l'absence de voile sur son visage. L'écriture a débusqué la peur.
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