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Critique de zenzibar


Une biographie croisée de Bouddha, Jésus et Socrate.
Une idée séduisante a priori tant une immersion spiritualité avec ces sages ne peut qu‘être profitable en cette période astrale si agressive.
Le dessein de l'auteur n'est sans doute pas de mettre en évidence une sorte d'oecuménisme,
Il n'en demeure pas moins que ces trois sages ont de nombreux points communs. Ils ont eu des vies non conformistes, dans la simplicité, la pauvreté, le refus des honneurs, des compromissions, le courage dans leur destinée jusqu'au sacrifice absolu pour Jésus et Socrate, le refus des succès populaires démagogues…
Bouddha, Jésus et Socrate offrent aussi cette particularité très singulière de n'avoir rien écrit
Ces trois sages, que l'on adhère ou pas à leur spiritualité ont eu des vies qui inspirent le plus grand respect ce qui explique que des milliers d'années après, ils soient toujours aussi vivants dans les consciences collectives comme modèles.
Chacun, naturellement en fonction de sa sensibilité, de ses convictions, sera plus ou moins réceptif selon les points développés par l'auteur.
Il ne s'agit pas d'un manuel académique ou d'une compilation de textes canoniques. Lorsque l'auteur aborde le contenu des messages des maitres, il n'expose pas de façon neutre la spiritualité de ces maitres.
Cela ne signifie pas que la présentation pêche par inexactitude ou manque de rigueur mais l'éclairage proposé est nécessairement filtré.
S'il n'est pas possible dans ce genre de critique d'entrer dans le détail on pourra juste faire un zoom qui permet de mesurer le poids des préférences et affinités dans la présentation du propos.
On pourra ainsi faire référence aux développements consacrés aux relations de Jésus avec les femmes, tout particulièrement s'agissant de l'analyse faite au sujet de la mention de l'amour entre Myriam (Marie) de Magdala. L'hypothèse de cet amour est affirmée expressément dans l'évangile apocryphe de Philippe. Ce dernier mentionne notamment des baisers qui auraient été échangés entre Jésus et Marie.
Frédéric Lenoir conclu que ces baisers ne doivent pas être interprétés comme des baisers charnels mais comme la transmission d'un souffle spirituel. Cette interprétation est tout à fait recevable mais il reste que Lenoir ne se pose pas les questions pertinentes, induites nécessairement par cette hypothèse.
Même en restant sur un plan symbolique, comment expliquer que d'autres mentions de même nature, mettant en scène d'autres personnes de l'entourage proche de Jésus, ne figurent pas dans les textes ? Pourquoi Jésus réserverait ce souffle spirituel à une seule personne ? Dans les évangiles canoniques c'est Marie qui la première constate la résurrection, ce seul constat ne devrait-il pas interpeller ? Et dans l'évangile de Jean, ce tête à tête vertigineux, bouleversant où Jésus dit à Marie dans un souffle « cesse de me toucher ! » Là encore cette scène peut être perçue sous des prismes différents mais à l'évidence des liens singuliers les unissent, Marie n'était pas un témoin, un disciple ordinaire.
Il ne s'agit pas d'abonder dans le scénario à la Da Vinci Code, juste de souligner que plusieurs lectures sont possibles et que la réponse à cette interrogation n'est pas prête d'être apportée, contrairement à ce qu'affirme avec autorité Frédéric Lenoir.
La vie et le message du Christ, dans leur présentation ont été formatés dans l'Antiquité tardive et au haut Moyen Age par des hommes qui ont défini les textes canoniques, le credo avec leur propre univers mental et les enjeux de domination de leur contexte historique. Cette « ligne éditoriale » et la domination associée, temporelle et spirituelle, n'ont cessé d'être renforcées au fil des siècles. Il faudra attendre Nietzsche pour que la logique de ces options soit radicalement interpellée.
Le livre de Frédéric Lenoir est une réussite de synthèse pédagogique mais il n'échappe pas à des postulats explicites ou implicites. Par conséquent il doit être lu, dans certains de ses développements, avec une relative distance et sa lecture doit être croisée avec d'autres travaux et essais
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