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Critique de beatriceferon


Quelles délices sont réservées aux clients du boudoir rouge ? En tout cas, certainement pas la fin tragique qu'a connue un malheureux désireux d'assister à une lascive danse du ventre ! le livre plein de gravures osées qu'il avait montré à la patronne a disparu.
Qui, mieux que Voltaire, pourra résoudre cette énigme ? C'est ce que pense le lieutenant de police Héraut, qui ne lui donne pas le choix : s'il refuse, il se retrouvera dans la geôle qui l'attend à cause de la publication des « Lettres philosophiques ».
Notre ami se résigne, sans se douter que ce crime n'est que le premier d'une longue liste inspirée par les contes libertins d'un volume introuvable.
Cette deuxième enquête de Voltaire est très amusante. Elle nous plonge en pleine bataille livrée par l'auteur pour ses « Lettres philosophiques ». Celles-ci ont, en effet, été éditées en Angleterre (leur autre titre est d'ailleurs « Lettres anglaises ») où elles sont fort appréciées. Mais en France, leur publication est interdite et l'auteur menacé. Pourtant, sous le manteau, l'imprimeur en vend des exemplaires à prix d'or.
Dans ce deuxième épisode, on découvre Voltaire recevant des admirateurs britanniques auxquels il veut absolument parler dans leur langue, mais c'est une catastrophe ! Alors qu'Émilie du Châtelet, en traductrice de Newton qu'elle est, la maîtrise parfaitement.
On plonge aussi dans le libertinage, car, si on présente toujours le XVIIIe comme le siècle des Lumières, il ne faut pas oublier que beaucoup de textes licencieux circulaient, parfois écrits par de grands auteurs, comme les « Bijoux indiscrets » de Diderot. Certes, il n'en est pas question dans ce roman, mais, quand Frédéric Lenormand évoque un ouvrage osé inspiré des « Mille et une nuits » et sortant de la plume d'un écrivain renommé, bien qu'anonyme, c'est à ce récit que j'ai tout de suite pensé.
Voltaire rencontre à plusieurs reprises les Crébillon père et fils et il est plaisant de voir le père se rengorger de son élection à l'Académie française, alors que cet honneur fut toujours refusé à notre enquêteur-philosophe. Et aujourd'hui, si tout le monde connaît Voltaire, qui donc, mis à part quelques spécialistes, a déjà entendu parler de ce dramaturge parfaitement oublié ?
En lisant un des contes du volume interdit, notre penseur découvre un personnage nommé Gradiz. Cela lui donne l'idée de rédiger une histoire dont le héros serait un sage résolvant des énigmes. Comme Émilie décode de nombreuses anagrammes, Voltaire décide de nommer son protagoniste Zadig.
Cet amant jaloux cherche un homme terne et ennuyeux (à ses propres yeux) pour accompagner sa belle. Il se décide pour le mathématicien Maupertuis. A ses risques et périls !
Il est toujours à l'affût de bonnes affaires. Il a découvert une idée prétendument géniale : celle de fabriquer du papier à partir de paille et de chiffons. Ce qui entraîne quelques situations cocasses où il transforme son secrétaire, l'abbé Linant, en bête de somme, traînant d'énormes sacs de chaume et fétus, et la cour de son logeur en décharge, où des tonneaux contiennent ces matières en train de macérer, dans des relents putrides.
Voltaire est un frère d'Hercule Poirot : à la fin de l'histoire, il réunit les suspects et leur dévoile le résultat de ses déductions, et, comme Auguste Dupin, il découvre un objet caché là où nul n'aurait l'idée de le chercher, c'est-à-dire, bien en vue.
Les annexes du volume nous font découvrir, avec ébahissement, que certains épisodes, que l'on aurait juré sortis tout droit de l'imagination fertile de Frédéric Lenormand, étaient pourtant parfaitement authentiques.
Qui donc doutera encore que la réalité dépasse souvent la fiction ?
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