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Critique de Sachenka


Bien belle histoire que celle du roman le dernier bateau. Elle commence avec Hans qui fait le ménage dans sa chambre. Triste, il ramasse tous les objets ayant appartenus à Arne et les range dans une boite. Qu'est-il arrivé au jeune homme de douze ans ? Il a fugué ? Il est mort ? En tous cas, le lecteur ne peut qu'envisager le pire. Chaque objet que Hans place dans la boite est l‘occasion pour lui de se remémorer des moments précieux passé avec Arne parce que, même s'il était un peu plus âgé que lui, il l'appréciait bien. Cette amitié entre les deux garçons a commencé quelques mois plus tôt à l'arrivée de l'orphelin. le père de ce dernier s'est suicidé et avait tenté d'emporter sa famille avec lui. le garçon a été le seul rescapé. Ayant tout perdu, il est recueilli par un ami du père, chef d'un chantier naval, lequel avait déjà trois enfants : le petit garnement Lars, la belle Wiebke et le sympathique Hans, dont il partagera la chambre. Cette chambre, qui sera son refuge, a l'originalité d'être décorée à la manière d'un bateau. Probablement une explication au titre du roman.

D'abord, si Arne semble un peu perdu au début – et qui ne le serait pas après avoir perdu toute sa famille ! –, il se reprend rapidement et ses dons exceptionnels y sont pour beaucoup. Il épate tellement son instituteur qu'on lui propose de sauter une année. Quelle chance pour lui de se retrouver dans la même classe que la belle Wiebke ! Tout semble lui sourire à nouveau : il fait de belles compositions et il est habile avec langues (il se met au finlandais, qu'il maitrise en quelques jours), il rêve de la mer, se familiarise avec le monde marin (il apprend à faire des noeuds), tout en étant plongé dans des livres. Aussi, il fait des riches rencontres comme avec le marin estonien Kalluk. Si tout est facile dans sa nouvelle maison, ce l'est beaucoup moins à l'extérieur. Ses talents font un un peu l'envie des autres enfants de sa communauté et ses goûts dérangent. En tous cas, ils détonnent. Bref, très rapidement, il se sent en marge, à l'écart des autres garçons de son âge. Son désir d'être accepté à tout prix par eux sera lourd de conséquence… Il faudra lire le roman connaître son dénouement.

Le dernier bateau est une oeuvre empreinte d'une nostalgie qui, sans être trop lourde à porter, est toujours présente. La tristesse gagne Hans chaque fois qu'un objet lui fait penser à son frère d'adoption, la sensibilité retenue qu'Arne se manifeste subtilement alors qu'il est confronté aux aléas de la vie ainsi qu'à l'indifférence et au rejet de ses pairs. Et ça fonctionne ! Par exemple, je ressentais une réelle tristesse pour ce pauvre garçon. Lorsqu'il se sent trop mal pour lire sa composition devant l'école, et que Hans le fait à sa place, ouf ! J'imaginais les émotions qui devaient le tenailler à la réminiscence de ces espaces lointains qu'il rêvait de visiter, probablement avec son père. Ce malaise que j'éprouvais, pourtant, était plus que normal. Après tout, un roman dont le thème est l'exclusion doit troubler un peu. Ou, du moins, toucher.

Comme toujours, Siegfried Lenz m'impressionne. J'avais beaucoup aimé La leçon d'Allemand ainsi que Une minute de silence. Ici encore, l'auteur sait aller droit à l'essentiel, aux émotions à l'état brut, tout en présentant une histoire poignante mais belle. En effet, au-delà du drame humain qui se joue, il y a des moments réjouissants, des personnages attachants et un décor impressionnant. D'ailleurs, la description, l'évocation du port de Hambourg, de l'Elbe et la mer toute proche, qui amène la brume. Et tout ce champ lexical du monde marin-maritime ! Parfois, je me prenais à me languir de ne pas être né ou vivre près de l'océan…
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