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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Apparemment l'auteure dispose d'un double don : la musique et l'écriture.
Née à Mönchengladbach, près de Cologne et Düsseldorf, en 1973, Ulla Lenze a fait des études de musique et de philosophie à Cologne et s'est spécialisée dans la poésie de Hegel.
Son premier ouvrage "Schwester und Bruder" (Soeur et frère) est sorti en 2003, a été traduit entre autres en Indien et Chinois et remporté 3 prix littéraires en Allemagne. "Les trois vies de Josef Klein", sorti l'an dernier, est entretemps sa 5e oeuvre et hélas l'unique traduite en Français.
Ulla qui a séjourné à Bombay en Inde et à Damas en Syrie, vit actuellement à Berlin.
En parcourant sa biographie sur son site (ullalenze.de) on est frappé par le nombre de prix qui lui ont été décernés et la longue liste de ses contributions écrites pour différents organismes et publications sérieuses.

Tout à fait au début, l'auteure nous informe que son roman a été inspiré par son grand-oncle Josef Klein, mais que le Josef Klein de son histoire est en fait son fils spirituel : une création de son imagination.
Il s'agit donc "d'un mélange poignant de roman familial et de thriller d'espionnage" pour reprendre la pub d'un grand quotidien allemand d'après-guerre (Der Tagesspiegel).

En 1939, le Josef Klein d'Ulla habite une cage à lapins à Harlem, New York. Il arrive tout juste à survivre, grâce à un pote, Arthur d'origine irlandaise, et la distribution de prospectus et de tracts. Probablement grâce à son origine allemande, il est amené à distribuer des flyers du Parti nazi américain et d'autres mouvements d'extrême droite, tel "America for White People" le "Bund germano-américain", l'association des Bavarois du Grand New York, etc.
Le but consiste évidemment à convaincre des idiots à voter contre "Rosenfeld" et son "Jew Deal". Ces feuilles volantes contiennent aussi des conseils du genre : dites au lieu de "Heil Hitler", "Save America First". Et non détrompez-vous, le génial Donald Trump n'était pas encore de ce monde.

Les longues promenades que Klein effectue avec Princesse, un berger trouvé abandonné, permettent à Ulla Lenze un pittoresque portrait de cette métropole géante et grouillante qu'était New York juste avant la 2e guerre mondiale.
Dans sa "résidence" Josef Klein passe ses loisirs à écouter des chansons à la mode comme "Georgia on My Mind" and "Sweet Sally of My Dreams".

Avec Arthur, Josef prend une décision qui va bouleverser son existence : la construction d'un poste émetteur radio avec lequel il peut entendre la charmante voix de Lauren, sa future amie, mais aussi outre-Atlantique celle de l'amiral Wilhelm Canaris, chef des services secrets de l'armée à Berlin.

Je ne vais pas résumer cette page d'espionnage bien sûr, mais rien qu'en dépaysement vous serez gâtés, car Josef vous emmène à Buenos Aires en Argentine, en 1949, à San José, la capitale du Costa Rica en Amérique centrale, en 1953 et de retour au "Heimat" , au pays natal.

En Allemagne, à Neuss, Josef séjourne chez son frère, Carl, sa belle épouse (style madone ascétique) Edith et leurs 2 enfants, Paul et Irene, qu'il surnomme "Täubchen" (petite colombe).

Une occasion pour Ulla Lenze de décrire un pays dévasté, en ruines après toutes ces années de guerre, en 1949. Et Neuss, qui se trouve proche de sa Mönchengladbach natale, elle connaît naturellement très bien.

Je suis content d'avoir fait la connaissance de cette auteure, qui est une jeune dame intelligente, exceptionnellement instruite et qui a en plus l'oeil observateur d'une grande voyageuse expérimentée. J'ai la ferme intention de lire un autre ouvrage d'Ulla Lenze, si besoin est même en version allemande.
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« Un formidable roman d'espionnage » nous dit l'écrivain O.Guez sur le bandeau de l'éditeur. Il a en partie raison, le roman est excellent mais a finalement peu de chose à voir avec l'espionnage, les amateurs du genre n'y trouveront pas leur compte.
Ceux qui cherchent un personnage étrange, un cousin de Meursault ou de Roquentin seront comblés par Josef Klein qui souvent est étranger à lui-même et aux autres. Exilé allemand aux USA à la fin des années vingt il vivote sans véritable but. Il est l'homme pauvre tiraillé entre un pays d'origine qui ne lui a pas donné sa chance et un pays d'accueil où il reste un étranger. Fuyant dans ses rapports avec les autres qui, de fait, ne l'apprécient pas, la solitude est sa meilleure compagne avec le jazz et le monde des radio amateurs. Toutefois sur les ondes il rencontre une jeune femme qui après bien de mutuelles hésitations deviendra sa compagne sans qu'un amour réel ne se développe entre eux. Là encore Klein n'arrive pas à s'engager, à faire le tri dans ses sentiments.
Si l'on revient au titre original der Empfänger (Le destinataire) on peut comprendre que Klein reçoit plus qu'il n'émet au sens où les autres l'attirent, l'influencent mais lui ne les paye pas en retour en restant insaisissable.
La deuxième qualité du roman est la description, assez rare dans les romans, de la communauté allemande de New York juste avant la 2ème guerre mondiale. Beaucoup sont favorables à Hitler et affichent leur soutien voire s'organisent en mouvements nazis. Indifférents et même bienveillants dans un premier temps les américains vont se retourner contre ses immigrants allemands qui seront de plus en plus montrés du doigt et stigmatisés au fur et à mesure des déclarations de guerres des nazis. le distant mais influençable Josef Klein va être manipulé par un groupuscule nazi pour lesquels il n'a pas de sympathie, des activités d'amateurs mais suffisantes pour avoir des gros ennuis.
Après guerre de retour en Allemagne, accueillit dans la famille de son frère il continue son errance et reste incapable d'exprimer ses sentiments et de trouver sa place dans un pays en ruines et dans une famille qui lui est étrangère. D'où un départ vers l'Argentine puis le Costa Rica pour tenter une troisième vie que l'on peu imaginer aussi ratée que les deux premières.
Plutôt que d'un roman d'espionnage « Les trois vies de Josef Klein » devrait être qualifié de roman existentialiste, Josef Klein n'a pas de valeurs, pas de but, ses choix ne sont pas rationnels et il les subit à contre coeur.
Au bout du compte c'est assez passionnant pour les dimensions historiques, romanesques et pour un personnage souvent désagréable mais marquant.
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