La version écrite la plus ancienne de ce conte universel est probablement celle d'
Apulée, au IIème siècle après JC. On en trouve une version au XVIème siècle, toujours en Italie, puis le
conte se propage en France où il est publié pour la première fois en 1740, dans un recueil de
contes de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, qui lui donne ce titre.
Mais c'est la réécriture de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, préceptrice, puis directrice d'école de filles, une quinzaine d'années plus tard, qui va rendre ce conte célèbre.
Les caractéristiques du
conte sont toutes bien présentes : le cadre en dehors du monde habituel, les objets magiques (château, coffre, miroir, bague), l'épreuve subie par l'héroïne, sa récompense finale et la punition des méchants.
Ce conte est à double portée, le divertissement, mais aussi la pédagogie, la volonté d'éduquer (principalement des filles dans ce cas) : apprendre à distinguer la laideur morale de la laideur physique, comprendre que les qualités de coeur sont plus importantes que l'apparence physique (et peut-être se préparer à l'idée d'avoir un vieux mari choisi par ses parents, quand on est une toute jeune demoiselle).
Il est intéressant également en ce qu'il montre des relations familiales et sociales au XVIIIème siècle dans la bourgeoisie : relations dans la famille, désir des soeurs aînées d'un mariage avec un noble, regard sur pauvreté/richesse. L'héroïne a une personnalité intéressante, volontaire, courageuse et sensible.
Un charmant
conte, sans mièvrerie, contrairement, à mon avis, à ceux écrits par
Marie-Catherine d'Aulnoy (
L'oiseau bleu, La biche au bois, etc.), où l'on verse sans arrêt des torrents de larmes.