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Critique de Dionysos89


Passé complètement à côté au moment de sa sortie, c'est grâce à une amie que j'ai pu découvrir Les 5 Terres, série de BD créée par un collectif d'auteurs mené par Lewelyn (David Chauvel, Mélanie Guyard alias Andoryss et Patrick Wong alias Oz) et Jérôme Lereculey, et prévue dès le départ pour être publiée en 30 tomes, soit 5 cycles de 6 tomes avec un planning d'un tome tous les quatre mois, chez les éditions Delcourt. le premier tome est sorti en septembre 2019 et est titré de toutes mes forces.

Tensions à la cour des félins
Les 5 Terres sont cinq contrées centrées sur un archipel alors dominant, Angleon, où règnent les félins. Et, en ce moment, le trône d'Angleon, est la chasse gardée d'une famille de tigres. Toutefois, Cyrus est un roi sur le déclin, rongé par la maladie et sa succession s'annonce délicate, il est heureusement aidé par sa fidèle Ombre, Sameus, dont la connaissance des arcanes du pouvoir est primordiale. Ses deux filles sont boudées par les autres félins, les tigres ne leur reconnaissant pas de prétention royale et les lions ne cherchant qu'une occasion de reprendre le pouvoir. Et puis de toute façon, des deux princesses tigresses, Mileria essaie de retourner la situation en sa faveur en contactant de sa seule initiative l'héritier ours d'Arnor, tandis qu'Astrelia pense davantage aux conséquences du tabou suprême qu'elle a violée : elle est enceinte d'un garde lion ! Sans savoir tout cela, le roi semble alors préférer son neveu, Hirus, prêt à relancer une guerre ayant jadis permis à Cyrus d'assurer son aura royale. Ces tensions ne sont que celles qui concernent directement le devenir du trône, car tout autour, se mêlent les destins de bien d'autres personnages, comme un jeune tigre qui cherche à entrer dans la compagnie des gardes royaux, un quatuor d'otages représentant les contrées soumises à Angleon ou bien un molosse chasseur de primes qui ne fait pas dans la dentelle. À n'en pas douter, les ennuis ne font que commencer.

Un Game of Thrones anthropomorphique
C'est assumé dès le départ : cette série au très long cours s'appuie sur une avalanche d'intrigues de cour dans un monde médiéval-fantastique afin d'être dans un style proche du Trône de Fer (Game of Thrones). de loin, c'est peut-être stéréotypé, mais partir d'une simple querelle de pouvoir avec un royaume en jeu et y ajouter quantité de sous-intrigues qui vont continuellement renverser le statu quo difficilement obtenu dans l'épisode précédent, c'est un schéma qui fonctionne particulièrement bien. Ici, les références au Trône de Fer consistent aussi en au moins une relation amoureuse jugée contre-nature, une diversité des « Terres » très marquée et renforcée par des espèces bien différentes, et bien sûr de nombreux secrets censés être bien cachés mais qui vont mener à des trahisons en cascade, parfois préméditées, parfois improvisées. À cela, s'ajoute le fait que les personnages sont toutes et tous des animaux anthropomorphiques (comme les Fables de la Fontaine, de Cape ou de Crocs ou La Ferme des Animaux). Cela ne se voit pas encore beaucoup, mais multiplier les animaux permet de rendre tangible des caractères très différentes, mais aussi et surtout des castes et classes sociales, car les différentes espèces n'ont pas des rapports apaisés entre elles, plutôt des rapports de domination parfois très violents.

Un projet ambitieux
Sur un projet de série qui est censée faire trente tomes à publier en un temps record, la difficulté doit forcément être de faire travailler autant de monde ensemble, c'est le rôle j'imagine de Didier Poli d'assurer le cadrage artistique sur l'ensemble des cinq cycles. Au passage, en plus des quatre auteurs, il faut aussi souligner le travail de Lucyd à l'encrage et de Dimitris Martinos à la colorisation, car l'ensemble donne à ces joutes animales une teinte particulièrement prenante et envoûtante de réalisme. Certains choix graphiques sont d'ores et jamais remarquables : un cadrage aussi serré que possible pour bien présenter les personnages, une alternance raisonnable entre plans contraints en intérieur et plans larges en extérieur, entre champs et contre-champs pour les dialogues tendus, et entre plongées et contre-plongées suivant la position sociale de domination des personnages concernés. Il est intéressant de remarquer les nombreuses scènes qui prennent une planche entière, avec entre huit et dix cases pour poser une situation, simplement et efficacement, pour valoriser un état d'esprit ou une action particulière. Devant l'amoncellement d'intrigues primaires et secondaires, il est essentiel d'être clair dans le cadrage scénaristique pour compenser le fait que le lecteur ne fait que découvrir constamment de nouveaux personnages.

De toutes mes forces est donc une parfaite entrée en matière dans cette série qui s'annonce épique !

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