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Critique de Rodin_Marcel


Jérôme Leroy - "L'ange gardien" - Gallimard-NRF, 2014 (ISBN 978-2-07-014071-8)

Quel navet ! Quelle bêtise !

L'auteur nous fait le coup du super-complot de l'ombre, incarné par "L'Unité" obéissant à "l'Etat profond", qui se charge de zigouiller à qui mieux mieux toutes celles et ceux qui sembleraient trop gênants pour "les puissances de l'argent", et même des "lambdas" pour s'assurer de la bonne disposition de ses tueurs. Pire encore, le personnage central, Berthet, est un cow-boy qui vous tue en un clin d'oeil sa demi-douzaine de malfrats tordus, car c'est un ex-champion de l'Unité que celle-ci a décidé d'éliminer. Pas de souci, il vous attrape l'agent collé à ses trousses, un collègue, et vous le torture sans sourciller pour le faire avouer tout ce qu'il savait déjà, ah, ah, ah.
Mais attention, superman dissimule un cœur "gros comme ça", il a décidé de jouer le rôle d'ange gardien de la petite noire issue de la banlieue de Roubaix, et vous allez voir ce que vous allez voir.

Le monde manichéen de Jérôme Leroy se divise en deux catégories : les tout-gentils - que l'on découvre vers la fin du roman - sont uniquement celles et ceux qui étaient membres des Jeunesses Communistes et du PCF dans les années 1980, les élu-e-s qui fréquentaient les si belles et idylliques colonies de vacances des mairies communistes.

Hélas ! "tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes", c'est bien connu... Les autres sont soit des pignoufs (simplement de gauche), soit des presque fachos (tout aussi simplement de droite), mais la préférence vitupérative de notre auteur va incontestablement à l'extrême-droite emmenée par une égérie à travers laquelle on reconnaît immédiatement Marie Le Pen. Ces tout-vilains-là sont flanqués de grands méchants, les skins : notre héros peut en zigouiller autant qu'il veut, et ne s'en prive pas, un peu comme les koulaks voués à l'extermination par le petit père des peuples, le grand Joseph Djougachvili. La gauchiste de service Bastienne Rouget en prend pour son grade dans le deuxième chapitre de la deuxième partie (p. 140), vieil atavisme du PCF-CGT ratant le train de mai-68, sans doute....

Mais foin des vieilles lunes staliniennes ! Jérôme Leroy fait par ailleurs dans le féminisme éclairé. Ses trois héroïnes - la maîtresse de Berthet, la compagne de l'écrivaillon dénommée Hélène Rieux, ainsi que l'héroïne principale - ont toutes un corps de rêve. Elles sont bien entendu intelligentes comme pas deux, et adorent "la baise". La deuxième réclame même des sévices corporels de plus en plus féroces ainsi qu'un "plan baise avec plusieurs hommes", ben voyons : décidément, le syndrome Strauss-Kahn/Dodo la saumure fait des ravages dans ces cercles libérés de la gôôôche cultureuse.
Enfin, pour faire bonne mesure, toutes ces belles personnes, Berthet compris, nous abreuvent de fort sçavante culture, incluant la toute belle poésie contemporaine, n'en jetez plus, la cour est pleine.

Pour conclure, tout le monde, y sera beau et tout plein de sous ! Naturellement, grâce au valeureux écrivain dévoilant la vérité toute nue (oh!), l'un des plus navrants lieux communs d'une bonne partie des journaleuses et journaleux se prenant non plus pour Zorro mais pour le stupide Julian Assange (Leroy invente le berthetleaks). Là encore, le pôvre Jérôme prend ses fantasmes pour des réalités.

Au final, ce roman s'avère ... raciste, illustrant le racisme dit "à l'envers", et surtout fort bête. Le roman "le bloc" (voir recension) était déjà un compendium de lieux communs des fantasmes dits "de gauche" sur ce que la gauche s'imagine être "l'extrême-droite" ; dans ce roman-ci, la prédilection de Leroy pour la caricature simpliste tourne carrément à la sottise et au ridicule.

On mesure la descente des éditions Gallimard vers la médiocrité lorsque l'on constate qu'un tel navet est publié dans la série NRF...

Consternant.
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