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Critique de Fleitour


A peine sorti du dernier livre de Michèle Lesbre, Chère Brigande, je pioche dans ma pile Victor Dojlida. Comment prendre un livre d'une telle force sans l'amoindrir, l'écorner, sans l'altérer.

On peut prier pour que de tels cauchemars ne se reproduisent pas, mais comment témoigner pour être entendu dans le fracas de notre temps..

Je ne vais pas commenter ce récit, mais laisser s'écrire les mots de Michèle Lesbre, de Victor, et de l'éditeur.

"Le 26 septembre 1989, à sept heures du matin, les portes de la prison de Poissy s'ouvraient pour toi, et la rue te rendait une liberté tardive… Quelques semaines après, le mur de Berlin tombait… Ah, les beaux jours de cet automne-là ! Car il faut bien que les portes s'ouvrent, que les murs s'écroulent, quand ils empêchent les hommes de vivre…"


"J'avais tout de suite pensé à une phrase de Roland Barthes: "il n'est Pays que de l'enfance". Ton enfance, c'était cet avant-guerre, ce monde d'avant ma naissance, ces moments d'histoire qui nous précèdent, dont on hérite sans le savoir et qui vous hantent toute la vie". P54

L' enfance polonaise de Victor, commence par un exode, vers la France. En 32 les grèves éclatent dans les mines de Lorraine où un ouvrier Kostia est tué sous un éboulement, les événements te reviennent en mémoire ? Tu as 6 ans.

Raconter l'horreur «  jusqu'à cette douleur de vivre », était-ce vain ? Tu t'abîmais dans un profond silence. p 27
« Bientôt ce sera ton tour de tomber dans les mailles du filet, tu es arrêté le 23 février 44. »

"L'homme qui t'a dénoncé était donc un fonctionnaire irréprochable ! Mais l'obéissance est une étrange vertu lorsqu'elle camoufle le pire." P 69

Tu as 19 ans quand tu reviens de Buchenwald où ton ami Stanis est resté. Ce seront que de mauvais tirages, de mauvaises retrouvailles, face à ceux qui ont sali leur fonction. « Ah ces bandits polonais ! » disait-on à l'époque.

"De tes voyages dans la nuit et le brouillard, tu reviendras meurtri et rempli d'une immense colère. " p. 85 « Nous avons été bouleversés par cette hargne qui te poussait à vouloir régler tes comptes, jusqu'au bout, jusque dans tes derniers jours. » p 12.

A 14 ans tu rentrais aux FTP, Victor Dojlida est à lui seul plusieurs destins, un personnage hors du commun, un être attachant qu'il faut décrypter, une figure assez symbolique de notre XX ème siècle, à nous maintenant de le faire revivre, il faut y mettre ses mots, comme nous le montre si justement Michèle Lesbre.

Inoubliable Victor Dojlida .



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