https://www.librairiedialogues.fr/livre/10978327-chere-brigande-lettre-a-marion-du-faouet-michele-lesbre-sabine-wespieser
5 questions posées à Michèle Lesbre qui nous parle de son livre "Chère brigande, lettre à Marion du Faouët" paru aux éditions Sabine Wespieser.
Questions posées par Morgane Ollivier.
Réalisation : Ronan Loup.
Retrouvez nous aussi sur :
Facebook : https://www.facebook.com/librairie.dialogues
Twitter : https://twitter.com/dialogues
Instagram : https://www.instagram.com/librairiedialogues
+ Lire la suite
Les choses arrivent, les événements, les anecdotes, les soubresauts des jours. Parfois la vie semble n'être que cela, rien que cela. Elle se faufile entre une multitude d'accidents heureux ou malheureux, de rencontres et de séparations, de détails infimes dont le sens nous échappe le plus souvent. On se demande quand tout va s'organiser enfin, être tangible, évident. On attend, tout se disperse dans le désordre et pendant ce temps la vie est en marche, en fuite même, car chaque jour ou presque la mort nous chuchote, Viens, ne cherche plus, repose-toi, je m'occupe de tout. Elle non plus nous ne la reconnaissons pas, nous savons seulement qu'elle doit advenir. Son murmure se perd dans le vacarme du monde, pour mieux nous surprendre, nous saisir au vol...
C'est aussi parce que le jour va se lever, comme le matin où Micòl était la dernière à sortir de la demeure pour cette destination sans retour, et que la neige éblouissait son regard éteint. "Je déteste les gens qui n'aiment pas les arbres" avait-elle dit un jour, pensant peut-être que rien de pire ne pouvait germer dans l'esprit des hommes que l'irrespect des arbres pour lesquels elle éprouvait une véritable passion.
Depuis que nous ne vivons plus dans la même ville, quelques terrains vagues se faufilent entre nous, ceux de nos imaginaires, qui parfois me font peur. Où es-tu dans l'instant même où je pense à toi, à qui parles-tu? Pourtant j'aime ces zones d'ombre, elles nous permettent de ne pas laisser l'ennui et l'habitude nous grignoter peu à peu.
Les vies d'adultes ne sont que tentatives pour guérir le chagrin de l'enfance inachevée, toujours inachevée...
Je me souviens d'avoir eu envie de repartir sur le champ, d'aller vers l'océan, mon éternel refuge. C'était la saison des grandes vagues d'hiver, des plages désertes balayées par les vents froids, humides (...) Il m'avait semblé lire sur le visage de cette femme que nous étions dans la même sidération, le même désir d'être ailleurs. Son retrait me la rendait proche, presque intime. J'aurais voulu lui proposer de partir avec moi, comme de vieilles amies, prendre des trains, des bateaux, des routes bordées d'arbres et baignées par des ciels changeants. (p. 11)
La vie sait des choses qui ne sont pas encore arrivées.
Je me suis souvenu d'un graffiti aperçu sur un mur, " Devant l'indifférence générale, demain est annulé".
Est-il concevable de construire quelque chose avec l’idée de son effacement?
Les vies d’adultes ne sont que tentatives pour guérir du chagrin de l’enfance inachevée, toujours inachevée. P 85
Alors Felloni pense à Sandra, il croit reconnaître sa façon de marcher, un sautillement d'oiseau, un bruit de feuille, un murmure.