Filles impertinentes, par
Doris Lessing. Un petit joyau qui relate la vie et les rêves effondrés des parents de l'auteure et la jeunesse rebelle de celle-ci.
La famille de
Doris Lessing est anglaise et son père a fait la Grande Guerre, celle de 14-18. Il en est revenu blessé, amputé d'une jambe. Il fait carrière dans la banque mais rêve de grands espaces, de solitude et s'expatrie avec son épouse en Perse où naît l'auteur puis en Rhodésie du Sud où s'installe la famille agrandie. le père, doux rêveur, s'improvise fermier puis chercheur d'or, mais ne fera jamais fortune.
Mais c'est surtout la mère à laquelle s'intéresse l'auteure. Celle-ci pense qu'elle n'a jamais été désirée par cette femme qui adulait et mettait tous ses espoirs dans son fils. Cela étant, cette mère est avant tout mondaine, sociable, à la hauteur de sa classe sociale, méprisant la plèbe et les indigènes.
Doris Lessing fut une enfant et une adolescente rebelle, à sa famille, à l'école, aux valeurs véhiculées par l'époque, le puritanisme, les conventions, le colonialisme. Elle s'émancipa vite et s'exila en ville, à Salisbury, où elle s'exerça à la liberté et à l'autonomie, se mariant, divorçant, se remariant, faisant des enfants, surtout s'initiant à la lutte politique, voire révolutionnaire. On est dans les années 40 et le communisme fait naître de belles espérances.
Mais Doris, installée en ville, n'en finit pas avec sa mère qui, sous prétexte d'expérience et de savoir-faire, reste présente dans sa vie, s'installant en ville, et s'éclatant dans le ”sacrifice” pour sa fille et son mari malade, et dans des mondanités dont elle raffole. Néanmoins le fossé s'accentue entre parents et enfant, sous prétexte d'incompatibilité personnelle ou d'idéologie. Quand
Doris Lessing écrit ce texte, elle a pris du recul et regarde avec quelque condescendance ses opinions et ses sentiments de l'époque. Elle devait pourtant s'affranchir de la trop forte et envahissante personnalité de sa mère, ainsi que de ses conceptions de la vie marquées par un excessif esprit de classe et la nécessaire pérennité des valeurs occidentales, et britanniques en particulier.
Un livre sincère, lucide, passionné.
Lien :
http://www.lireecrireediter...