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Critique de andras


Citoyen du monde, défenseur des peuples oubliés ou massacrés dans les parties les plus reculées de la planète, Bernard-Henri Levy ne pouvait pas voir d'un bon oeil les mesures de restriction des libertés mises en place par un grand nombre de pays pour contenir la propagation du virus SARS-COV-2. Il clame haut et fort sa "colère" dans ce petit livre et dans plusieurs interviews qu'il a données à l'occasion de sa parution.

Logiquement, il devrait alors se ranger derrière les gouvernements qui ont refusé le confinement : Boris Johnson (jusqu'à ce qu'il change d'avis), Donald Trump, Bolsonaro et le gouvernement suédois, notamment. Mais de ceux-là, il n'est absolument pas question dans cet essai. Pas plus que du nombre des morts provoqués ou évités par les différentes politiques de lutte contre le virus. Alors, il nous parle d'économie, de chômage, du creusement de la dette ? Pas plus. du sacrifice des agents hospitaliers ? Pas davantage.

En réalité, les faits n'intéressent pas BHL. Il jette seulement un bref coup d'oeil à cette pandémie et en tire deux ou trois considérations tellement générales, tellement péremptoires que, même si elles ont une part de vérité, on a peu envie d'en débattre avec lui.

Les médecins et les scientifiques ont pris une place excessive dans le débat public, nous dit-il. Ils ont selon lui "pris le pouvoir". Je dirais que, pour le cas de la France (BHL, lui, reste toujours dans les généralisations et ne regarde aucun cas particulier), on a surtout vu beaucoup de controverses et , pour ma part, j'ai eu le sentiment que c'était bien les politiques qui prenaient les décisions et en assumaient la responsabilité. Par exemple, pour la date et le rythme du déconfinement.

Mais là où je suis près de perdre mon calme, c'est quand BHL du haut de sa grande sagesse, nous traite quasiment de collabo pour avoir si facilement accepté de nous confiner. A l'en croire, nous serions, nous les humains, (encore une fois, il ne fait pas de différence) des personnes qui aiment se replier sur soi, en fait, nous avons vraiment aimé nous confineer dans "notre terrier" car nous détestons nous occuper de notre prochain. La Preuve (avec un P majuscule) de ce vice terrible que BHL pointe d'un doigt accusateur : les Ouighours, les Bengalis, les Somaliens, les Syriens avaient disparus de nos écrans de télévision, nous leur tournions le dos pour ne nous occuper que nos petits éternuements. Et si c'étaient pour nous occuper de nos vieux, encore ! Mais non, là aussi nous leur avons tourné le dos, les laissant mourir seuls...

Cette sagesse, je lui la laisse bien volontiers. Je la trouve totalement hors sol, déconnectée des véritables situations qu'ont vécu et vivent encore des millions d'humains, déconnectée des risques encourus (et notamment par les personnes âgées), déconnectée des véritables chiffres de la pandémie, qui est toujours en cours, déconnectées des décisions réellement prises par les dirigeants.

Un petit livre (le mot d'essai serait excessif) vite torché entre deux avions, entre deux interviews. de la fast-pensée, comme il y a des fast-food.

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