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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand bonheur de lecture que ce second livre de l'auteure d'Hortense et Queenie.
Andrea Levy, par les mots de July, esclave en Jamaïque sur une plantation sucrière anglaise au XIXe siècle, raconte dans une page d'histoire méconnue, une vie hantée par l'esclavage : July, née de père anglais (le contremaître de la plantation) qui bien sur ne la reconnaîtra jamais et d'une esclave des champs au fort tempérament, se verra arracher sa mère, puis son fils, et sa fille.
Témoignage de tous ces esclaves que l'on a privés d'histoire et qui, le temps d'un roman, peuvent enfin raconter quelle vie a été la leur, une vie d'injustices et d'humiliations : dans un style à la fois poignant et drôle, sans jamais verser dans le pathétique, July déroule son quotidien, ses petits bonheurs et ses grands malheurs, ses ruses pour échapper à la colère de sa "Missus" et de son "Massa", sa ferme certitude qu'être mulâtresse vaut bien mieux qu'être noire, même si ça ne se voit pas...
July nous raconte son destin d'esclave caribéenne, analyse les ravages du système colonial dans les plantations, mais surtout, elle élève une voix dépourvue de tous cliché, pétrie d'humour et d'humanité, qui oscille entre l'émotion et l'éclat de rire avec une dignité sans faille. Si sa vie a été dure, aucun doute là-dessus, elle est bien décidée à ne pas apitoyer son lecteur avec ça !
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Ce roman ne conte pas une histoire d'amour mais une abomination ! Il décrit avec brio tout l'infâmie d'une époque, pas si lointaine (l'histoire se situe au début du XIXe siècle) où certains êtres humains avaient la certitude que d'autres êtres humains étaient inférieurs à eux. Cette histoire se déroule sur une île des Antilles qui appartenait alors à l'Angleterre (par ailleurs si puritaine et bien pensante...) mais elle aurait parfaitement pu se dérouler sur une île des Antilles françaises.

Pourtant, July, aujourd'hui vieille femme, raconte l'Enfer de la plantation d'Amity sans pathos et même avec beaucoup d'humour parfois. Elle était une jeune femme au caractère bien trempé mais également très intelligente, sachant parfois manipuler sa "missus", Caroline Mortimer. Elle a parfaitement compris que celle-ci a peur des Noirs mais surtout qu'elle est infiniment seule (parce que son frère meurt rapidement dans l'histoire) et qu'elle a besoin de ses esclaves pour faire tourner sa plantation. Donc, contrairement aux apparences, c'est également parfois l'esclave qui a pouvoir sur sa maîtresse.

Cette femme blanche n'étant même pas capable de comprendre pourquoi son esclave domestique s'appelle July ("juillet", en anglais), elle va jusqu'à la rebaptiser Marguerite... Cela montre toute la bêtise de Caroline, mais aussi toute sa méchanceté profonde : tout au long du roman, July raconte comment celle-ci n'aura de cesse de la démunir de tout, mais vraiment de tout (je ne peux pas révéler le pire du pire qu'elle parvient à faire), en partie pour se venger. Parce que July est aussi une très belle femme, ce qui n'échappera pas à l'oeil d'un certain Robert Goodwin, Anglais, fils de pasteur, tiraillé entre ses principes anglicans, le "qu'en dira-t-on" et son désir pour July... Seulement voilà, sur l'île la tentation, où tout le monde essaie de manipuler tout le monde, ça donne parfois des choses étranges.

Andrea Levy n'épargne pas le racisme entre esclaves, celui où les quaterons (métis de métis), se sentent supérieurs aux Noirs. Un piège dans lequel tombera July, qui clame haut et fort qu'elle n'est pas noire mais mulâtre (ce qui est vari car elle née d'un père écossais, même si elle est noire comme l'ébène). L'écrivain soulève ici la quête d'identité des personnages esclaves, qui, pour se sentir exister, en viennent parfois à être aussi odieux que leurs maîtres. Mais elle y dénonce surtout avec brio toute l'hypocrisie d'une société anglaise, bien-pensante, qui en proclamant l'abolition de l'esclavage, fera tout pour mettre les anciens esclaves à terre.

On adore July dans ce livre, qui interpelle constamment le lecteur en expliquant qu'elle n'est pas douée pour raconter sa vie. Mais aussi, parce que c'est un personnage pudique, elle réécrit certains passages, édulcore la réalité parce qu'elle a honte, ce qui met son fils Thomas, imprimeur, en rage. Donc July reprend sa plume pour rétablir la vérité.

Le roman se termine par la voix de Thomas, qui lance au lecteur un avis de recherche sur sa demi-soeur Emily, tout en le mettant cependant en garde : "En Angleterre, la découverte de sang noir dans une famille n'est pas toujours accueillie avec joie."
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Un peu décontenancée par le style au début, pour ensuite être prise par l'histoire qui retrace par le biais de July, l'esclavage à la Jamaïque.
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