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Critique de alouett


20 janvier 2009. le Président Barack Obama va prêter serment et devenir le 44è Président des Etats-Unis. Deux ans après le début de son mandat, il remettra la Médaille de la Liberté à John Lewis pour son engagement dans la lutte pour les droits civiques.

Mais revenons à ce jour de janvier 2009. Ce jour-là, le député John Lewis se lève, il doit retrouver sa soeur Rosa à son bureau du Congrès (Washington). Ensemble, ils se rendront à la cérémonie d'investiture du premier président noir américain.

La survenue d'une jeune femme de couleur, accompagnée de ses deux enfants, les retardent un peu. Désireuse d'apprendre à ses fils l'histoire de leur pays, elle a fait un détour au Congrès pour leur montrer le bureau de Lewis, « je voulais que mes garçons en apprennent un peu plus sur leur histoire… Je voulais qu'ils voient tout le chemin parcouru ». John est là. Il les accueille comme on accueillerait un ami et profite des questions qu'on lui pose pour faire un bond en arrière. Sa mémoire lui est fidèle et il va se rassasier de souvenirs avant de partir pour la cérémonie. Il revient donc dans les années 1940 à l'époque où il était enfant et qu'il aidait ses parents à s'occuper de la ferme familiale.

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John Lewis est l'un des « Six Grands » leaders des mouvements pour les droits civiques aux Etats-Unis. Dans cet ouvrage, il nous ouvre sa mémoire et raconte son parcours hors du commun. de son Alabama natale aux sit-in de protestation dans le Tennessee… voyage au coeur de l'Histoire.

Sorti en février 2013 aux Etats-Unis chez Top Shelf, l'ouvrage est déjà réédité outre-Atrantique. Quant à nous, il nous aura fallu attendre un peu moins d'un an pour pouvoir découvrir le premier tome de cette série autobiographique. C'est l'occasion de découvrir en détail la vie de John Lewis. Issu d'une famille modeste, il va peu à peu faire preuve d'un intérêt particulier à l'égard des discriminations dont sont victimes les gens de couleurs sur le sol américain. C'est en 1955 qu'il entend pour la première fois Martin Luther King à la radio. le prêche du pasteur va avoir un impact important sur l'enfant. « 1955 fut le début d'une nouvelle ère ». Lewis va chercher à se renseigner sur le Dr Martin Luther King puis peu à peu, va s'investir dans des causes locales qui militent et dénoncent les violations de la Constitution américaine à l'encontre du peuple noir. Il s'intéresse tout d'abord au Gospel social avant de s'inscrire à l'American Baptist Theological de Nashville. Malgré l'intérêt qu'il porte à ses études, John Lewis regrette de ne pas en faire plus pour sa communauté. Il envoie quelques lettres dont une à Martin Luther King. Ce dernier lui proposera une rencontre au printemps 1958 à Montgomery.

Dès lors, le destin de John Lewis est en marche. Il s'appuie sur l'élan donné par Martin Luther King à la communauté noire pour trouver la ressource de se mobiliser. En 1959, il est l'un des membres fondateurs du Nashville Student Movement. Ce mouvement organisera de nombreux sit-in non violents afin de dénoncer les attitudes ségrégationnistes qui perdurent.

" Quatre-vingt-deux d'entre nous ont fini en prison ce jour-là. La police ne demandait pas mieux que de se débarrasser de nous, alors la caution est passée de 100 à 5 dollars. Mais cela ne changea rien. Nous n'allions pas coopérer de quelque façon que ce soit avec le système qui autorisait la discrimination contre laquelle nous luttions. Les autorités de Nashville ne mirent pas longtemps à comprendre qu'il était impossible de nous forcer à payer notre sortir. Vers 23H00, nous avons tous été relâchés".

Travaillé par John Lewis et Andrew Aydin, le scénario est d'une grande richesse. Les deux périodes présentes dans le récit se succèdent de manière fluide, sans aucune secousse. On passe ainsi du présent au passé sans aucune difficulté, ce qui permet au lecteur de vivre intensément les deux périodes. Beaucoup d'émotions se dégagent de ces pages, on est comme porté par le mouvement mené par les étudiants noirs américains. Sans aucun jugement de valeur, le récit s'appuie essentiellement sur des faits objectifs, charge au lecteur de faire le reste. On accompagne ainsi les différents protagonistes jusqu'au 10 mai 1960, date à laquelle Martin Luther King prononce un discours à Nashville… reste désormais à attendre la sortie du second tome ! Ce dernier se consacre à la période qui va de 1960 à 1963 (le tome 3 quant à lui aborde les années 1963-1968).

Quant au travail graphique de Nate Powell, il n'y a rien à redire. de cet auteur, je ne connaissais que Swallow me whole et je me rappelle encore des griefs que j'avais porté sur son travail d'illustration. Ici en revanche, les dessins illustrent parfaitement les propos. le trait est réaliste et détaillé. On profite autant de la richesse des décors que de la précision avec laquelle il a dessiné les personnages. Tout en noir et blanc, l'auteur s'est cette fois servi de dégradés de gris pour travailler ses volumes plutôt que de recourir aux jeux de hachures comme il l'avait fait dans l'ouvrage cité plus haut. Mais ce n'est pas là la seule différence entre les deux albums. Il y a une agréable chaleur dans les pages de Wake up America, je ne pensais pas que cet auteur capable de porter si bien autant d'émotions et faire ressentir une forme de quiétude malgré la gravité du sujet. On sent une forme de force tranquille chez le héros. Ce dernier est porté par ses idéaux, en paix avec lui-même.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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