Citations sur Le plaidoyer d'un père (43)
Le corps légèrement anguleux et l'attitude arrogante de Sandrine ressemblent plutôt à un enfant mignon dans la version de Mona. Trop doux, trop joli. Le style toujours aussi lâche de Mona.
"Définir la tristesse." Je cherche le mot dans le dictionnaire. Comme d'habitude, le Robert me présente une réponse nette : "Tristesse : affliction, déplaisir, abattement de l'âme, causé par quelque accident fâcheux." Peut-être est-il vrai que Cécile n'avait jamais connu un tel grand chagrin, n'avait jamais subi un tel abattement de l'âme. Mais le moment où je l'ai laissée à la pension au monastère, elle était triste, c'est sûr. Un sentiment d'affliction, causé par un évènement fâcheux, misérable, minable. Après, Cécile avait peut-être oublié ou refoulé ces sentiments. Mais je sais : elle était triste. Comment, dans quelle mesure et pour combien de temps ?
La liberté que nous nous offrons et partageons. Notre vie commune, la convivialité, l'interaction. La complicité justement. Ce qui, en même temps, est un enclos, écrit-elle. Une autre journée, elle philosophe sur le "désir de s'envoler comme l'oiseau migrateur", expression un peu précoce. Cependant je vois la gravité au fond sous le choix de mots élevés. Et l'autre jour, une explosion de sentiments au bas d'une page : "Putain ! Je ne veux être que moi même ! Pas nous, juste moi."
Quand sa bouche cherchait la mienne, je me suis mise à trembler de plaisir comme lui et notre baiser a été sans remords et sans honte, seulement une profonde recherche, entrecoupée de murmures...
En général, je ne sors pas avec des gars qui me fixent les seins, mais quand j'ai vu que vous regardiez ma main avec autant d'intérêt, je me suis dit bon d'accord.
Aux premières heures du jour, Cécile et moi rentrons chez nous, en réfléchissant ensemble sur les nouvelles connaissances de la soirée, toujours sur la base de critères stricts : apparence, choix de vêtements, capacité intellectuelle. Dans cet ordre. En d'autres termes, il n'est pas remarquable que Cécile me pose maintenant des questions sur Marie-Hélène. Alors, je l'informe de l'entretien d'embauche et des questions que j'ai posées à la fin.
J'éprouve une grande liberté, il y a longtemps que je ne me suis pas senti si heureux, un bonheur démesuré et indestructible, comme si tout était possible, finalement. Un père de quarante ans peut jouer à des jeux idiots avec sa fille adolescente. Il est possible de se rendre ridicule lors d'un entretien d'embauche sans que le monde ne s'écroule. On peut apprendre à sténographier même si on est un homme entre deux âges et que des milliers de cellules cérébrales meurent chaque seconde. Au moins c'est ce que Marie-Hélène m'avait déclaré. Qu'il est possible d'apprendre. C'est moi qui ai présenté l'idée à propos des cellules cérébrales. Apprendre à sténographier, c'est du gâteau, a insisté Marie-Hélène.
Elle m'a lancé ce regard languissant d'amour que je connais si bien. Mais si elle me veut, il faudra qu'elle s'applique. Voilà la philosophie du soussigné quant aux jupons de l'école...
Ça se voit qu'elle vous aime. Je vous ai vus ici d'autres nuits. Je le vois dans ses yeux quand elle vous regarde, alors qu’elle allume parfois votre cigarette ou quand elle met votre chapeau sur sa tête en riant. Voilà pourquoi je dis que vous devez prendre soin d'elle. Je ne pourrais pas distinguer avec certitude ce que vous partagez ensemble, pas encore, mais il y a là quelque chose d'exceptionnel qu'il faut soigner.
Il faut que vous preniez soin d'elle. Vous avez de la chance de l'avoir trouvée, mais elle a aussi de la chance que ce soit vous qui ayez gagné son cœur. C'est évident que vous lui témoignez du respect. Je suis persuadé que c'est pour ça qu'elle vous aime.