Citations sur Archéologie du Sujet, tome 1 : Naissance du Sujet (29)
La recherche du sujet et de la personne est le problème fondamental d'où est issue la notion moderne du sujet.
L'entrée du "sujet" aristotélicien dans le dispositif trinitaire augustinien est le premier évènement décisif dans l'histoire scolastique de la subjecti(vi)té. Le second, qui en est comme la réciproque ou la contrepartie, consiste en l'introduction du "verbe" augustinien dans le dispositif noétique aristotélicien de l'abstraction. Dans les deux cas, Thomas d'Aquin a joué un rôle décisif.
L'agent se reconnaît lui-même comme "propriétaire" (owner) de ses acts, se les "approprie" en se les attribuant comme "siens", ou comme le dit lumineusement Locke dans sa définition juridique de la personne comme "terme de Barreau" "appropriant" des actions, la personne "prenant intérêt" à "des" actions "passées" "en devient responsable", parce qu'elle "les reconnaît" pour "siennes" et se les "impute" sur le même fondement et pour la même raison qu'elle s'"attribue" des actions "présentes". Reconnaissance et "aveu" sont ici étroitement liés "dans" et "par" la langue, dans et par cet extraordinaire "échange conceptuel" qu'est la sémantique de "own", "owner", "owness".
La construction du modèle attributiviste* supposait que la référence thomasienne soit dépassée par de nouvelles questions posées à partir des réponsees de Thomas. Cette question a été : quel est le sujet de la pensée ? et la réponse sera : l'homme. Mais pour y arriver, il leur a fallu passer par : "Est-ce l'homme qui pense ou l'intellect ?" Cette question est formulée comme : "Quelle est la cause efficiente de nos pensée ?" Pour approfondir, on se demande : "Quel est le sujet de la pensée ?"
"L'invention cartésienne du sujet", qui ne tardera as à se transformer problématiquement sous nos yeux en "invention du sujet cartésien", n'est, osons-le dire franchement, qu'un "mythe historiographique". Un mythe à "déconstruire".
Descartes n'a pas inventé le sujet cartésien.
La relation du sujet [antique] et de la personne est le problème fondamental d'où est issue la notion moderne de sujet.
[Thèse de Thomas : ] l'âme n'est à proprement parler "sujet" que de ce qu'elle effectue elle-même par ses puissances ou partie dépourvues d'organe corporel, à savoir : l'acte de penser et celui de vouloir.
En dehors des "Catégories", Augustin n'a sans doute pas connu Aristote.
Aristote ignorait-il donc le "moi" ? Telle quelle, la question n'a pas de sens. Du moins pas de sens historique. Elle n'en a pas plus que celle qui demanderait si Aristote ignorait "le" Cogito.