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Critique de Prailie


De l'incroyable matière romanesque que constitue la vie de sa compagne, Eva Ionesco,
Simon Liberati a su tirer un beau livre - très poétique, très personnel. Sans rien cacher de ses propres addictions, de ses faiblesses, Liberati compose un émouvant "Hymne à l'Amour d'Eva" - enfant abusée, adolescente rebelle, femme aujourd'hui reconstruite, mais qui reste pleine de blessures et de failles.
Bien sûr, par moments nous sommes un peu transformés en voyeurs, et sommés d'apprendre des choses parfaitement indiscrètes ( le désordre d'Eva. Son lifting, ses manières un peu crapuleuses et ses grossièretés de langage. Ses excentricités, ses violences ...). A d'autres moments il se livre à des raisonnements tatillons: à quelle date exactement Eva a-t-elle fait couper les somptueux cheveux blonds de son enfance? Sur ce point, dit-elle la vérité dans son film? Qu'en pensent les amis, les témoins? Que disent les photomatons, cartes postales et petits poèmes qu'elle stocke dans une boîte en fer?
Mais ce qui est frappant chez Liberati, c'est la volonté d'inscrire la femme qu'il aime dans une mythologie qui lui est personnelle, et qui comprend tout aussi bien Nerval et Lewis Caroll que le cinéma underground ou les petites reines martyres du monde de la nuit: un imaginaire labyrinthique où s'entremêlent érudition et féérie, un peu de noirceur gothique, pas mal de substances illicites, mais où toutes les femmes, rêvées ou vécues, sont autant de cailloux de Petit Poucet qui mènent à "L'Amour fou" (Liberati Père faisait partie du groupe surréaliste; Louis Aragon, André Breton ne sont pas loin, qui veillent en figures tutélaires...).
Quant à moi, bien que n'ayant jamais fréquenté le Palace et n'ayant découvert Eva Ionesco qu'assez récemment, je ne me lasse pas de confronter entre eux leurs deux livres ( et de les confronter au film qu'Eva elle-même a réalisé). Chez Eva comme chez Simon l'écriture est belle, poétique et sensible , et le petit zeste de "people-itude ", ou de snobisme parisien, ne me rebute pas, bien au contraire! Ainsi, avec leur parcours de vie incroyablement romanesque et leur authentique talent, ces deux-là constituent à mes yeux une sorte de diamant noir de la littérature française contemporaine!
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