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Critique de Pasoa


Eva est un livre singulier, le portrait amoureux de l'ex-fillette-objet photographiée dans les années 70 par sa mère, Irina Ionesco, dans des mises en scène érotiques ou pornographiques. Simon Liberati s'attache avec beaucoup de délicatesse à décrire leur première rencontre (il était alors âgé de 19 ans, elle de 13) et tout le parcours de la jeune icône qu'elle était alors, personnage imaginé, magnifié par sa mère photographe, jusque dans la démesure. Parcours d'une jeune fille défaite de son enfance, entrée en résistance et en révolte contre sa mère et contre toute forme d'autorité, comme un Narcisse cherchant son reflet dans des eaux sans fond.

Simon Liberati donne à voir mais aussi à comprendre, avec beaucoup d'acuité et de sensibilité, celle qui deviendra des années plus tard son épouse, mais il dénonce aussi ce que furent les excès d'un certain milieu parisien, celui des nuits des années 70 en pleine libération sexuelle, celui du microcosme fêtard du Palace, des Bains douches, celui enfin d'une certaine élite artistique et intellectuelle de gauche qui avançait vers un idéalisme cynique et sans scrupules (on ne parlait pas encore de pédophilie) .

Sous l'écriture de Liberati, le personnage et la personnalité d'Eva Ionesco oscille sans cesse entre fiction et réalité, apparaît dans toute sa lumière mais aussi dans sa complexité, dans un temps que l'on dirait éphémère, dépassé. Quelque chose insiste cependant dans l'écriture qui rend ce livre attachant. C'est un hommage rendu à l'enfant-victime mais aussi une déclaration d'amour à la femme résiliente d'aujourd'hui.
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