C'est avec appréhension que j'ai ouvert "
L'Année de Grâce". Crainte d'être déçue après avoir vu passer tant d'avis enthousiastes, et qu'une fois de plus tous les personnages masculins soient des monstres (ce qui est souvent le cas dans les romans dits "féministes").
Mais
Kim Liggett mérite la moyenne de 4,23 étoiles attribuée par les babeliotes : son univers se révèle bien plus complexe et nuancé que ce à quoi je m'attendais.
Sur la couverture, ce roman est comparé (à raison) à "La servante écarlate", "Sa majesté des mouches" et "Hunger Games". J'ai aussi pas mal pensé au film "Le village" pour l'ambiance mortifère, les règles qui semblent arbitraires mais ont une raison cachée et le rôle de la couleur rouge.
Nous découvrons Tierney à la veille de son départ pour la mal-nommée "Année de Grâce", une année que toutes les filles de 16 ans passent dans camp de fortune, sans autre ressources que les leurs. Elles devront survivre et revenir purgées de leur magie.
Point de magie en réalité, nous sommes dans une pure dystopie et il s'agit de les briser pour qu'elles renoncent tant à leurs émotions qu'à leurs désirs, et acceptent le sort que leur réservent les hommes de leur comté. La cohabitation est compliquée par une eau empoisonnée, la présence de braconniers vendant leurs organes à prix d'or, et par la sauvagerie dont elles font preuve les unes envers les autres.
Ce roman est assez pessimiste sur les rapports humains que ce soit entre hommes et femmes (les uns usant de tous les stratagèmes imaginables pour contrôler les autres) ou entre femmes elles-mêmes (jalousie et cruauté font bon ménage). Cette vision initiale est assez clichée, mais elle garde toute sa pertinence au vu de ce qui se passe dans certains pays. Et évidemment elle évolue en cours de route.
Car, heureusement, certains personnages ne se laissent pas entraîner dans ce tourbillon d'obscurantisme et luttent chacun à leur manière pour faire changer cette société sclérosée.
Après tant de violence et de noirceur, j'ai apprécié que le roman s'achève sur une note d'espoir. Une "happy end" aurait été ridicule, mais un peu de lumière filtre à travers les fissures laissées par cette année de grâce. Commenter  J’apprécie         180