« Personne ne parle de lannée de grâce. Cest interdit.
Nous aurions soi-disant le pouvoir dattirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait lessence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. Cest pourquoi nous sommes bannies lannée de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions
réintégrer la communauté. Pourtant, je ne me sens pas magique. Ni puissante.
Personne n'a le droit d'évoquer l'année de grâce, mais cela ne m'a pas empêchée de chercher des indices. »
Roman ado dystopique, c'est avec une certaine fébrilité que nous attendions la Journée internationale des droits des femmes pour révéler ce coup de cur commun. Captivant, parfois violent, mais surtout PERTINENT, ce roman nous a mis dans un état d'excitation sans précédent !
Savant mélange entre "La servante écarlate" et "Hunger games", ce huis-clos féministe nous a autant surprises que fait rugir. Allez les meufs (et les gars aussi, l'égalité se conquiert à deux...), on sort les griffes !
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C'est le problème, quand on laisse entrer la lumière : dès qu'on vous la reprend, l'obscurité paraît encore plus terrible.
À Garner County, toutes les femmes sont coiffées de la même manière : les cheveux rassemblés en une longue tresse et le visage dégagé. Les hommes considèrent qu’ainsi, elles ne pourront rien leur cacher : ni rictus narquois, ni coup d’œil furtif ou étincelle de magie. Les rubans sont blancs pour les fillettes, rouges pour les adolescentes en année de grâce et noirs pour les épouses.
L’innocence. Le sang. La mort.
Le paradis, c'est une cabane en haut des arbres. C'est un garçon aux mains froides et au coeur bien chaud.
Il existe un lieu secret au fond de nous où ils ne peuvent ni nous voir ni nous atteindre. Ce qui brûle en toi brûle en chacune d'entre nous.
Quand le portail se referme sur leurs visages troublés, il est évident que ces hommes nous considèrent comme des créatures haïssables, à enfermer pour le bien de tous, y compris le nôtre, afin d'exorciser les démons tapis en nous. Pourtant, même dans ce lieu maudit où la peur, la colère et le ressentiment grandissent en moi, je ne me sens toujours pas magique.
Je ne me sens toujours pas puissante.
Je me sens abandonnée.
Tu peux garder tes rêves, me chuchote-t-il. Moi, je ne rêve que de toi.
Nous avons tous un rôle à jouer sur terre. Et j'ai bien l'intention de tenir le mien, si minuscule soit-il.
Comme le dit mon père, ce sont les petites décisions que l'on prend quand personne ne nous voit qui font de nous ce que nous sommes. Et qui voulons-nous être ?
Je croyais que seule ma magie me permettait de déceler ces choses - ces signes invisibles aux autres, qu'elles refusent de s'avouer elles-mêmes.
Pourtant, il suffit d'ouvrir les yeux.
Et les miens sont grands ouverts.
Quand le portail se referme sur leurs visages troublés, il est évident que ces hommes nous considèrent comme des créatures haïssables, à enfermer pour le bien de tous, y compris le nôtre, afin d'exorciser les démons tapis en nous. Pourtant, même dans ce lieu maudit où la peur, la colère et le ressentiment grandissent en moi, je ne me sens toujours pas magique.
Je ne me sens toujours pas puissante.
Je me sens abandonnée.