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Critique de Elamia


Dead Can Dance, c'est le groupe que j'écoute toujours en octobre et en novembre de chaque année. Pourquoi ? Et bien parce que leurs sonorités me font penser à Halloween et à cette période de l'année si propice au mysticisme. Dead Can Dance se caractérise par une musique d'un autre temps presque d'outre tombe, les sonorités médiévales se marient à merveille à la voix envoûtante de Lisa Gerrard (chanteuse du titre Now We Are Free rendu célèbre grâce au film Gladiator).
Jean Marc Ligny a su très bien retranscrire l'aura irréelle et mystique qui se dégage de leurs albums. Celui intitulé The serpent's egg est certainement celui que j'ai le plus écouté. (Aaah le morceau The Host of Seraphim me donne des frissons à chaque fois !). L'auteur d'ailleurs, ne se contente pas de rendre un brillant hommage au groupe à travers son roman, il propose même sa propre interprétation de l'origine mystérieuse de cet album.

Ce livre nous transporte à travers deux époques différentes. Nous suivons la jeune Forgaill au XIIème durant son apprentissage en tant que banfile, ou prophétesse. Elle a pour maître le druide Corann, qui va lui enseigner les rituels et les croyances ancestrales. Une belle complicité unit ces deux personnages. Si j'étais persuadée d'adorer les passages nous contant cette Irlande légendaire, j'étais en revanche plus sceptique sur l'autre aspect du roman. Finalement, j'ai beaucoup apprécié suivre les dérives artistiques de ce groupe de rock à la fin des années 80. Groupe qui se veut être, bien sûr, le pendant direct de Dead Can Dance, puisque les leaders ressemblent à s'y méprendre à Lisa et à Brendan, qui sont les voix du groupe originel.

Tout le long du texte, Jean Marc Ligny nous plonge dans cette Irlande mystérieuse et nous fait découvrir ses légendes les plus célèbres. le XIIème -l'époque de Forgaill- s'égrène au rythme des sabbats et des célébrations païennes. Mais ce côté poétique et romanesque est troublé par les guerres. L'Irlande est à feu et à sang. Si les vikings ont mené des raids contre les monastères pour piller leurs richesses, les Anglais, à cette époque désignés sous le terme d'Anglo-Normands, eux, saccagent les villages et les fermes, font fi des anciennes traditions au nom du Dieu unique et tyrannisent la population. Que représente donc une frêle jeune femme avec son tympanon face à des hordes de guerriers sanguinaires et face à un peuple qui renie ses origines ? Mais Forgaill la prophétesse, n'a pas dit son dernier mot. Si la destinée lui a insufflé un pouvoir si spécial, c'est parce qu'elle représente l'espoir, sûrement le tout dernier espoir d'une contrée sur le point de sombrer dans les ténèbres profondes.

Au XXème, c'est une toute autre préoccupation qui bouleverse les deux musiciens. Peinant à rencontrer le succès en Australie, c'est sur une intuition d'Alyz qu'ils partent s'installer en Irlande. Commence alors pour la chanteuse une période sombre et étrange où elle va vivre des expériences inexplicables. Ce manoir plongé au coeur de la nature sauvage devient le théâtre de phénomènes surnaturels qui surprennent, intriguent et inquiètent l'entourage de la jeune femme. L'atmosphère devient mélancolique, lugubre et teinte ce roman d'un romantisme sombre qui rappelle la littérature gothique.

Finalement et contre toute attente, les deux parties du roman, que ce soit le destin de Forgaill ou les contrariétés du groupe La mort peut danser, m'ont toutes deux intéressée à part égale. Les moments s'alternent et se complètent vraiment bien. C'est sans surprise que les légendes celtiques irlandaises m'ont envoûtée et fait voyager. J'ai vraiment bien aimé cette intrusion dans le monde de la musique, auquel je m'intéresse de loin. Les deux héros -Bran et Alyz- ne tombent pas dans les clichés habituels des artistes drogués et capricieux. Ils sont rendus attachants par l'affection qui les lie l'un à l'autre, mais aussi par leur intérêt pour les instruments du Moyen-Âge et leur musique d'un genre nouveau.

C'est donc une très belle découverte, à la fois de l'auteur -dont j'ai adoré la plume- et du roman. Jean-Marc Ligny met en lumière deux époques complètement opposées et arrive à les harmoniser de la meilleure manière qui soit. Il sait nous intéresser, nous divertir, en proposant des chronologies totalement chamboulées. Il nous raconte la vie de Forgaill dans le désordre, ce qui est légèrement déstabilisant au début mais qui au fur et à mesure prend tout son sens. J'émets un tout petit bémol sur la toute fin (Ivy) j'ai trouvé ça assez malvenu, mais c'est bien le seul reproche que j'aurais à faire.

Je suis surprise par le peu de critiques et de lecteurs que compte ce livre. Pourtant, il mérite largement d'être connu !
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