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Critique de AnnaDulac


La « jeune femme », et jamais nous ne saurons son nom, est une Finlandaise. On la devine pleine de chagrins et de larmes.
Elle embarque à Moscou pour un long voyage en train jusqu'en Mongolie où elle rêve de voir et de caresser des symboles ouïghours gravés sur pierre. Elle y parviendra (« elle appuya sa joue contre le rocher et l'embrassa »).
Dans son compartiment, un Russe nommé Vadim, porté sur la boisson, le sexe et la provocation. Il se révèlera finalement, non pas charmant, mais maladroit et pas si rustre que cela.
Évidemment, l'auteur joue sur cette opposition entre la rêveuse et la brute, l'Européenne et le Russe, une langue recherchée et des mots crus, parfois jusqu'à la caricature.

Le grand intérêt du roman, ce sont les évocations de paysages et les descriptions des villes traversées ou parcourues lors des étapes.
Parfois on pense au « Canapé rouge » de Michèle Lesbre qui traite presque du même voyage.
La langue de Rose Liksom se fait alors très poétique et rythmique, calquée sur les cahots du train.
Le paysage est même le héros principal du roman et on peut se demander ce qu'apporte l'histoire artificiellement greffée sur ce voyage hypnotique et fascinant.
Rosa Liksom est anthropologue de formation. Son texte aurait peut-être eu plus de force encore si elle était resté centrée sur la contemplation, le samovar qui fume, la musique classique diffusée par les hauts-parleurs du train.
Un procédé que j'aime beaucoup et qui revient comme un leitmotiv, c'est la manière dont Rosa Liksom décrit les villes qui s'éloignent.
« Dans le haut-parleur en plastique retentit la Septième Symphonie de Chostakovitch, et s'éloignent Novossibirsk, le bruit des grands ensembles en construction, le ciel uni et ensoleillé. S'éloignent Novossibirsk et l'odeur d'acier pourri qui pénètre par la fenêtre du wagon. S'éloignent le pâle parfum des oeillets blancs, l'arôme puissant de l'ail et l'âcre senteur de sueur du travail forcé. S'éloignent Novossibirsk, les assembleurs, les mineurs, la ville industrielle des rêves passés, gardée par des banlieues modernes noircies par la suie, malmenées par les éléments, et les tristes carcasses de milliers d'immeubles préfabriqués. S'éloignent … »

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