J'ai touché mon visage, je ne l'ai pas trouvé. J'ai touché mon corps, mes jambes, mes coudes, je ne sentais rien. Je regardais ma poitrine, je touchais le vide. Je ressentais une angoisse profonde, la peur me prenait de cette solitude, de cet état invisible où seuls les morts savent marcher.
Je me consacrais entièrement à mon travail, j'essayais d'être toujours parfait comme mari, amant, père de famille et même la nuit pendant mon sommeil. Un homme ne peut pas vivre comme ça éternellement.
Ces montagnes couvertes de neige, cette eau qui l'entoure, ce sang gelé, cette viande puante seront aussi son avenir. Il ne connaîtra la vie que pour la perdre. Le garçon ramasse les morceaux de viande. Il les met dans une petite boîte en plastique, les porte à l'usine et rince dans l'eau froide ses pieds tâchés de sang.