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3,69

sur 123 notes
Très belle découverte, j'ai adoré l'écriture, l'ambiance et le mystère qui flotte en filigrane. On espère découvrir le fin mot de l'histoire, mais à chaque fois, l'auteur nous détourne vers un autre horizon. C'est fin, subtile et terriblement captivant.
Je pense découvrir le film ou série tiré de ce livre qui mériterait d'être plus connu.
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J'ai vu le film de Peter Weir, il y a quelques années, et j'étais très curieuse de lire le roman.

Ce roman est strictement féminin, et la gente féminine en prend pour son grade. Y a-t-il une personne à sauver, dans cette intrigue, mis à part les disparues et Sara, petite orpheline dont le tuteur s'occupe quand il en a le temps, c'est à dire pas souvent ? Curieux personnage que ce tuteur, qui n'a pas de lien de parenté avec elle, et dont on peut se demande pour quelles raisons il l'a prise sous sa protection.
Toutes les femmes dépendent d'un homme dans ce récit, toutes agissent, ou presque, en fonction d'un homme. Prenez Mrs Appleyard, la directrice de cette pension pour jeunes filles de très bonnes familles, familles qui sont le plus souvent extrêmement loin et ne s'intéressent que de loin en loin à leurs progénitures. Les cours prodigués sont « à la carte », et si certaines familles paient des suppléments, permettant ainsi à la directrice de faire de confortables bénéfices, d'autres renâclent même pour des matières que nous jugeons essentielles – la mère d'Edith ne comprend pas pourquoi sa fille unique doit étudier les mathématiques. Bref, Mrs Appleyard est davantage une bonne gestionnaire qu'une pédagogue, et n'agit qu'en fonction de ce que son cher Arthur pourrait faire. Prenez également les professeurs. Mademoiselle quitte le pensionnat pour se marier, et s'en réjouit. le frère de Dora Lumley s'inquiète de la réputation de sa soeur. Même Minnie, la presque sympathique domestique, veut se marier et quitter le pensionnat. Les pensionnaires elles-mêmes dépendent de leur père et/ou partent à la conquête d'un mari bien respectable. Les rares jeunes hommes du récit sont très activement recherchés – en tant que futurs maris.
Mais que s'est-il donc passé le jour de ce pique-nique ? Quatre jeunes filles sont parties, une professeur s'est volatilisée, une professeur bien rationnelle puisqu'elle enseigne les mathématiques et discute mathématiques pendant le trajet. Deux seulement seront retrouvées, toutes deux si traumatisées (ou si bêtes pour l'une d'entre elles) qu'elles ne pourront rien dire. Nous sommes en 1900, il est hors de question de brutaliser, même par des questions indiscrètes, une douce jeune fille. Il est hors de questions aussi d'évoquer certains sujets devant des hommes, il est des choses qu'une femme « bien » ne dit pas – ou comment laisser s'évanouir ce qui aurait pu être un indice. le narrateur, extérieur à l'histoire, ne se prive pas pour être sarcastique, pour indiquer aussi, aux lecteurs, que le pire est à venir. Ne pas savoir, ne rien savoir, ne rien pouvoir deviner est sans doute pire qu'une vraie et bonne enquête policière. Comme dit l'enquêteur : il « eût presque accueilli avec joie un bon assassinat bien neuf. »
Roman fantastique ? Oui, si l'on compte que l'on ne sait rien, et que si des pistes fantaisistes sont évoquées, elles ne forment vraiment qu'une trame très secondaire dans le récit. Les faits, rien que les faits, pour cette région du monde où maints promeneurs se sont perdus, où la mort peut frapper très rapidement, où les aborigènes sont là sans être là – Miranda, l'une des disparues, la plus charismatique parce que la plus généreuse, connait bien la brousse.
Pique-nique à Hanging Rock emprunte à plusieurs genres littéraires sans appartenir à aucun. Il laisse une impression forte et tragique derrière lui, comme si les sortilèges d'Hanging Rock suivaient encore le lecteur bien après qu'il eût refermé le livre.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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À l'ombre des jeunes filles en fleurs qui s'effeuillent et qui s'envolent comme des oiseaux, on s'étend sur l'herbe, le temps de l'innocence d'un pique-nique à Hanging Rock … le temps de se sentir libre, de respirer, d'échapper à la vie au pensionnat pour jeunes filles d'Appleyard College.

L'institution, on ne peut plus respectable, qui a pour objectif d'éduquer les jeunes filles à l'anglaise, se trouve non loin de ce site géologique vieux de plusieurs milliers ou millions d'années, Hanging Rock, au coeur du bush australien, où le temps est suspendu et non plus millimétré, comme au collège. Les montres s'arrêtent comme par enchantement lors du pique-nique et l'après-midi s'éternise. On s'endort, on sombre. On se laisse bercer par la rêverie. On se laisse séduire par la langueur pendant que d'autres partent vers l'inconnu, en exploration. Les ellipses temporelles nous empêchent de savoir, nous lecteurs, combien de temps s'écoule, exactement. Seule la progression du soleil et les ombres du Rocher permettent d'avoir une estimation, vague, du temps qui passe. On rentre au collège, tard, très tard, mais quatre personnes manquent à l'appel : Miranda, Irma, Marion, ces trois Grâces, admirables, qui avaient demandé la permission de voir le Rocher de plus près, et une institutrice, Greta McGraw, qui était plongée dans son livre, jusqu'à ce qu'on remarque sa disparition. McGraw vit dans le royaume abstrait des livres, des mathématiques et de la géométrie mais elle s'intéresse peut-être aussi à la géographie et à la géologie puisqu'un témoin la voit elle aussi partir dans la direction du Rocher. Ces disciplines ne sont-elles pas reliées par le préfixe géo- ?

Ce livre est un hymne à la nature et à la liberté. Les descriptions de la flore et de la faune australienne, envahie par les fleurs des jardins à l'anglaise, sont remarquables. On se laisse facilement prendre par de tels tableaux parce qu'il y a un fonds d'exotisme là-dessous. La communion avec la nature, c'est aussi bien ( sinon plus) qu'un bon livre et je me ferai une joie la semaine prochaine d'explorer quelques formations géologiques un peu curieuses de ma région, en souvenir de cette lecture. Je vous invite d'ailleurs à découvrir « Hanging Rock » (le site existe) ne serait-ce qu'en photo, je trouve ça très beau. On raconte qu'Hanging Rock et qu'Ayers Rock ( dit Uluru), ces montagnes sacrées, ne se laissent pas profaner , qu'il y a des esprits vengeurs, et on y rattache d'inquiétantes disparitions. Les aborigènes ont récemment décidé de fermer le mont Uluru au public, après conversation avec les esprits. Ils ont décrété que la montagne est en colère.

La disparition devient le Mystère des Collégiennes. Que s'est-il passé ? Dans quoi s'engage-t-on en franchissant le seuil de ce livre ? Comment en sort-on ? Est-ce qu'on en revient ? Est-ce qu'on peut en parler ?

Le silence est d'or au pensionnat. Les lèvres sont scellées. Les secrets les plus précieux, les plus intimes, ne s'ébruitent pas facilement. On cueille avec soin les indices, ici et là. On décachète les lettres qui circulent, on relève des lettres capitales, des phrases en italique, des petits mots comme des cartes de Saint-Valentin. On chuchote et on porte son attention sur de menus détails comme le bzzzzzz d'un moustique qui susurre quelque chose d'inaudible à l'oreille, ou on entend une rumeur au loin et on se demande si c'est un appel au large ou un appel au secours. Le travail d'enquête dans ce livre revient à « courir après la lune » (p.153), mais la face cachée de la lune, comme la face cachée du Rocher, interpelle et le désir de connaissance, la curiosité, fait qu'on s'accroche, qu'on reste pendu au livre, qu'on se lance nous aussi à la recherche de ces points blancs au loin, ces jeunes filles vaporeuses toutes de blanc vêtues qui passent de l'autre côté de l'eau pour rejoindre une force de la nature, Hanging Rock.

Lecture recommandée à tous ceux qui rêvent à l'ombre des jeunes filles en fleurs : Virgin Suicides de Jeffrey Eugenides
https://www.babelio.com/livres/Eugenides-Virgin-suicides/13929
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J'adore le film de Peter Weir que j'ai découvert à l'adolescence mais je n'avais jamais eu l'idée de lire le roman de Joan Lindsay avant que LydiaB n'en fasse une critique passionnée il y a quelques mois.

Merci Lydia, grâce à toi j'ai découvert un roman superbe !
Je ne me suis pas ennuyée une seconde alors que je connaissais bien l'histoire car l'adaptation est assez fidèle.
J'ai adoré le style de Joan Lindsay, l'ambiance étrange du collège, le fantastique du récit et (presque) tous les personnages.

Je ressors de cette lecture totalement envoûtée, hantée, frustrée et heureuse. En bref, c'est tarte à la crème mais vrai, c'est un coup de coeur.
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Australie, année 1900. Mrs Appleyard gère d'une main de fer un collège de jeunes filles. Pour la Saint-Valentin, celles-ci sont exceptionnellement autorisées à partir en pique-nique à Hanging Rock, une formation rocheuse, auparavant lieu de culte aborigène. Sur place, quatre d'entre elles partent, avec l'accord de leur professeure Mademoiselle de Poitiers, observer de plus près l'étrange rocher. de cette excursion ensoleillée, toutes ne reviendront pas.
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La scène du pique-nique est mémorable et donne au roman son atmosphère si singulière. Il y a une telle mélancolie et une telle langueur dans les gestes et dans les postures des personnages, que tous semblent évoluer dans un songe vaporeux. Au milieu de cette nature calme et reposante, une soudaine paresse s'empare des protagonistes, repus après leur copieux déjeuner. Les montres cessent alors de fonctionner et le mystère s'installe.
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Le reste du récit continue avec la recherche des disparues et les interrogatoires des personnes présentes ce jour-là, notamment le jeune Michael Fitzhubert et son cocher, Albert. Les deux derniers, semble-t-il, à avoir vu les jeunes filles vivantes. La police ne ménage pas son ardeur pour retrouver ces héritières. Que s'est-il réellement passé là-bas ? Parallèlement, la vie suit son cours à Appleyard College mais les conséquences de ce drame ont laissé une empreinte funeste sur les protagonistes.
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L'histoire se construit autour d'un certain nombre de personnages, pour autant, ils sont tellement bien présentés qu'il est facile de les distinguer. Parmi eux, Miranda est à mes yeux la plus marquante, et possède une aura très forte. Bienveillante et délicate, elle est aimée de tous, camarades comme professeures. Mademoiselle de Poitiers la voit comme "un ange de Botticelli aux Offices…". Elle est un peu la figure de proue de ce roman, et fait le lien entre les autres protagonistes. Notamment la jeune orpheline Sara, qui lui voue une véritable fascination et un amour profond. Sara, autre jeune fille touchante, qui subit inlassablement les aléas de la vie et la sévérité excessive de Mrs Appleyard.
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J'aime incontestablement l'époque à laquelle se déroule le récit. Une époque que l'on retrouve dans la fraîcheur des propos et la naïveté des comportements des jeunes filles.
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Le mystère d'Hanging Rock aura un impact sur bien des existences.
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Pique-nique à Hanging Rock est un roman fascinant, à la fois fantastique et dramatique. Un roman qui mélange savamment les genres et dont l'atmosphère envoûtante laissera à jamais son empreinte dans ma mémoire.
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Ma chronique complète est sur le blog.
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Ce roman très perturbant, va laisser son empreinte sur nous. Il fait parti des lectures poignantes qui marquent par leurs sujets et par le ton utilisé. Cette lecture déconcertante me pousse à la réflexion, il tente de nous livrer un texte gothique assez exceptionnel. Et on peut lui reconnaître la parfaite maîtrise de son sujet !

Dans ce roman c'est la scène d'ouverture qui va être le précurseur de biens des maux. Au début du siècle, des jeunes filles dans un pensionnat vont allez faire un pique nique. A l'issu de celui-ci, trois jeunes filles manqueront à l'appel. A partir de cet élément, le mal s'installe et les masques vont tomber les uns après les autres.

Avec ce roman gothique très perturbant, on pénètre dans un monde comme embrumé par la situation. Comme une sorte de brouillard qui se serait levé et aurait emporté avec lui tout le bon sens et la gentillesse des occupants de ce fameux pensionnat. C'est là où une scène d'ouverture va révéler les vrais visages de bien des personnages.

Ce livre installe une atmosphère oppressante. On se demande comment les masques ont pu tenir aussi longtemps. On essaye de comprendre les mentalités en se basant sur le contexte social de l'époque, mais chacun se révèle plus effroyable que son voisin. Et les rares qui demeurent honnêtes avec eux-mêmes et leurs valeurs vont bien vite subir les foudres des autres. Une lecture déconcertante, où chaque page apporte son lot de malaise et de personnage farouchement atypiques.

Dans ce roman, on trouve une qualité évidente d'écriture tout d'abord, puis on salue la manière dont le sujet est traité. Malgré la qualité de ce livre j'ai eu du mal à m'y plonger complètement. J'ai eu du mal à ressentir des émotions pour ces personnages franchement atypiques. On ressent leur frustration qui se déverse sur nous, nous pousse à les rejeter pour ne pas sombrer dans toute cette folie. Comme si ces émotions enfouies n'attendaient qu'un élément clef pour pouvoir faire surface.

En résumé ce roman est agréable dans son malaise, il sera vous faire grincer des dents. Oppressant, malsain, un beau roman gothique qui sera vous rentrer dedans, vous ébranler et vous laisser avec ce sentiment entre la confusion et le rejet. « Mais que s'est-il passé ? » sont bien les mots que vous n'arrêterez pas de prononcer tout au long des pages de ce livre. Une lecture qui sera tout faire pour vous ébranler.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Écrit en 1967 par une femme qui s'est inspirée d'un fait divers de l'époque, fait qui s'est déroulé alors qu'elle n'avait que 3 ans. Entrant avec brio dans cet atmosphère post-victorienne du début du siècle, Joan Lindsay nous conte une histoire pleine de secrets, de remous et qui n'offre pas toujours toutes les réponses demandées. Avec ce postulat de départ, on aurait pu croire aux prémices d'un roman policier victorien mais rien de tel. La disparition des filles finit, au gré des pages, par devenir une simple excuse pour écrire cette histoire.
C'est un superbe roman à l'atmosphère gothique dont chaque personnage est important, intéressant. Ils ne laissent pas indifférents, qu'ils soient sympas ou pas du tout. L'effondrement de ce petit monde, doucement après l'événement est le centre de l'histoire dont la principale protagoniste est Mrs. Appleyard, la directrice du pensionnat. Il est impossible de l'apprécier face à son caractère implacable et ses cachotteries. Cachotteries qui enveniment les choses. Face à elle se trouve les filles du pensionnat, pleines de vies et de questions. Des jeunes filles auxquelles on s'attachent.
Lien : http://thegingersreading.blo..
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Étrange ovni littéraire et fort passionnante balade dans le bush australien que ce roman. Tout commence par un pique-nique et une troupe de jeunes filles en fleurs vêtues de broderies anglaises qui profitent d'une belle journée....seulement voilà à l'heure de rentrer au pensionnat, il manque du monde!
C'est difficile de résumer un livre qui repose beaucoup, je trouve, sur l'ambiance qu'il arrive à tisser. J'ai aimé m'y perdre, j'ai aimé la façon dont l'auteur joue avec nous, nous laissant entrevoir pour l'intrigue des pistes qui ne seront jamais prises....
À découvrir !
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En ce moment j'ai beaucoup de mal à trouver une lecture qui me conviendrait... j'abandonne de nombreux romans. Celui-ci en fait partie. J'ai été incapable de rentrer dans cette histoire. le rythme est trop long. Dès que j'ouvrais ce roman, sa lenteur finissait inévitablement par m'endormir. Vraiment ! Pourtant le résumé m'avait beaucoup intéressé, c'est dommage ! Mais de nombreux romans m'attendent alors autant ne pas perdre mon temps sur un roman qui n'est pas écrit pour moi.
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J'avais lu beaucoup de critiques élogieuses mais de mon côté je suis passée à côté de ce livre qui parle de la disparition de jeunes filles d'un chic pensionnat en Australie au tout début du XIXEME siècle. Je suis sortie frustrée de ce livre qui nous fait un peu tourner en rond et sans beaucoup de contenu. Une grosse déception.
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