Citations sur Drama Queen (13)
— Vous n’allez tout de même pas m’accompagner aux toilettes, Monsieur Ramsay ?
Il reste imperturbable.
— Ne vous y trompez pas, Madame, c’est purement professionnel. Je dois vérifier les lieux avant que vous y entriez, rien de plus. J’ai déjà vu toute sorte de choses sortir de votre royale personne et croyez-moi, ce n’est pas une expérience que je souhaite renouveler.
Ventrebleu ! Je vais le tuer !
— Si j’ai réussi à m’en sortir, c’est grâce à vous, Colin…
Je crois que c’est la première fois qu’elle m’appelle par mon prénom, et la sensation est curieuse.
— Colin…
Vraiment curieuse.
— Oui ?
— Faites-moi l’amour !
Je ne bouge pas un muscle.
Voilà l’ordre le plus étrange que j’ai jamais reçu.
En attendant que ma mémoire daigne se réveiller, il y a une autre partie de mon corps qui sort d’hibernation. Je l’avais surnommée la marmotte – quoi, les mecs auraient le droit de donner des surnoms à leurs engins et pas nous ? – car elle dormait sans cesse et avait tendance à devenir de plus en plus poilue ces derniers mois, mais là, elle se réveille en poussant des cris stridents. Et en bavant.
— Ne vous avisez plus de me frapper, Madame. Toute reine que vous êtes, je pourrais parfaitement vous donner la fessée… La… QUOI ?
Je jette un coup d’œil à mes notes : encore quelques phrases et la torture sera terminée. Un bruit étrange me distrait, et au moment où je me retourne, une force incroyable me renverse et m’emporte. Comme dans un rêve, je me retrouve en train de voler. Littéralement. Plus aucune partie de mon corps n’est en contact avec le sol. Euh… Il se passe quoi, là ? Je n’avais rien commandé de spectaculaire pour clore mon discours, non ?
– Que signifient tous tes tatouages ? […]
– Un tatouage dans chaque pays que j’ai « visité » lorsque j’étais dans les forces spéciales. Une sorte de souvenir. Pour ne rien oublier. […]
– Cela n’aurait pas été plus simple et moins douloureux de rapporter une carte postale ? Un mug ?
– Si. Mais beaucoup moins sexy, non ? plaisante-t-il.
Je n’aurais sans doute pas eu la même réponse il y a quelques heures, mais là, je veux bien avouer ma défaite.
Ah, l’Ecosse… C’est sauvage, rude… Peuplé d’hommes qui sont capables de garder leur virilité en portant des jupes…
Résumons-nous : soif, mal au pied, peau qui crame.
Et encore, s’il n’y avait que cela.
À un endroit bien précis de mon corps endolori, ça me picote, ça me gratouille. Ça me brûle. Je ne sais pas si c’est l’épilation ratée conjuguée à mes sous-vêtements figés par le sel, mais je suis à la torture. Et chaque pas la renforce.
Licorne versus Marmotte ? Licorne 1 / Marmotte 0. Par KO.
Pas mal. La couleur met en valeur mon teint clair et mes taches de rousseur que je camoufle habituellement. La frange retombe sur mon front et transforme ma physionomie. Cela suffit à me rendre méconnaissable, loin des coiffures sages de da-dame que s’applique à m’élaborer systématiquement Gertrud, ma coiffeuse allemande.
Trois princesses, Marie-Caroline, Georgina et Sofia, et une comtesse, Joséphine. Toutes jeunes, belles, riches, et aussi désœuvrées que je l’étais lorsque je ne portais pas cette satanée couronne sur ma tête. Comment on se connaît ? Et bien nous sommes plus ou moins cousines.