Citations sur Quatre : Nos coeurs braqués (41)
Pourquoi me permet-elle de lui faire tout ça ?
La bousculer. La toucher. La caresser.
La désirer.
La vouloir.
Plus que tout. Au point que je prends des risques que je ne devrais pas prendre. Des risques qui nous mettent en danger, elle et moi.
J'aime ce jeu malsain, j'aime flirter avec les limites, avec ses limites. J'aime qu'il me surprenne. J'aime me sentir vivante parce que je sais qu'il peut me donner la mort.
Elle me sourit. Un putain de sourire qui renverse la dernière de mes certitudes.
— Tu comprends, Quatre ? C'est toi que je veux. Pas une vie normale. Toi. Je veux que tu bouleverses chaque jour de mon existence.
— Qui est cet homme, Elsa ?
— Je ne sais pas.
La réponse, pure vérité, a franchi le barrage de mes lèvres sans passer par mon cerveau. La réalité, sans fard, se révèle : j'aime un homme dont je ne sais rien.
Mes poils se hérissent, la chair de poule s'étend sur ma peau à une vitesse phénoménale. Je me fige, paralysée.
Puis, sans prévenir, mon cœur part au grand galop dans ma poitrine, si fort que le sang rugit à mes tympans.
Tout cela ne dure guère que quelques secondes. Le temps de compter.
Un...
Deux...
Trois...
Quatre.
Un déplacement d'air, dans mon dos, embrase ma nuque et enflamme mes sens.
— Tu as peur ? murmure sa voix rauque à mon oreille.
Toutes les sensations sont comme décuplées. Peut-être est-ce dû au fait que je viens de passer plusieurs heures aux mains — et un peu plus — de braqueurs. Ou alors, c’est parce que ces mêmes braqueurs m’ont aveuglée.
C'est à ce moment exact que je comprends que je me suis trompée. Je crois être à sa merci, mais c'est lui qui est à la mienne. Il me suffirait d'un geste pour que je retire le bandeau. Que je vois son visage. Que je lui vole son bien le plus précieux : le secret de son identité. Il remet son avenir entre mes mains. Il m'accorde sa confiance.
-Elsa-
Je joue avec le feu, mais j’aime de plus en plus ça. J’aime les battements précipités de mon cœur chaque fois que je cherche à anticiper ses réactions.
J’aime ce jeu malsain, j’aime flirter avec les limites, avec SES limites. J’aime qu’il me surprenne.
J’aime me sentir vivante parce que je sais qu’il peut me donner la mort.
Je veux ressentir à nouveau ce souffle brûlant du danger qui grille mes neurones dès que nos peaux entrent en contact… Même si je dois prendre tous les risques pour revivre ça. Pourtant, je sais que je n’ai aucun droit à l’erreur dans ma quête de vengeance. Et Elsa est ma plus grosse erreur. À cause d’elle, j’ai failli foirer le premier braquage. Perdre la confiance de Santer. Nous faire choper par les flics. Tout ça parce que je crevais d’envie de la baiser. En plein casse, bordel !
Ses lèvres se posent sur les miennes à l’instant où je formule cette possibilité dans mon esprit.
Et je disjoncte. Littéralement. Ce baiser n’a rien de délicat, de paisible, de tendre. Non. Il écrase durement sa bouche contre ma bouche, sa langue vient chercher la mienne sans douceur ni hésitation. Il m’envahit, prend possession de moi comme pour ne laisser aucune place au doute quant à ses intentions. Ou quant à mes intentions. Il s’empare de tout ce que je lui donne, et ce que je ne lui donne pas, il le vole.