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Critique de andras


Robert Linhart a été en 1966 l'un des fondateurs du premier parti "maoïste" en France, l'UJC(ml). Ce parti prônait ce qu'on a appelé "l'établissement", c'est-à-dire qu'il demandait aux étudiants et intellectuels de quitter l'université ou leur métier pour aller travailler à l'usine, parmi les ouvriers, afin de les préparer à la révolution qui, cela ne faisait alors aucun doute à leurs yeux, n'allait pas manquer d'arriver. Robert Linhart a donc quitté l'Ecole Normale Supérieure où il avait fait de brillantes études, notamment sous la direction de Louis Althusser, pour prendre en septembre 1968 un poste d'OS dans les usines Citroën de la porte de Choisy à Paris. le livre rend compte scrupuleusement de cette expérience avec ses moments d'enthousiasme et ses moments (hélas plus nombreux) de découragement ou de souffrance. Un parti pris de l'auteur fait que tout ce qui est extérieur à l'usine et aux ouvriers qui y travaillent est "hors champ", radicalement absent du livre. de ce fait ne sont jamais évoqués, ni la révolte de mai 68, ni la politique en France ou dans le monde, ni les mouvements maoïstes (ni le mot de maoïste, ni, il me semble, celui de communiste ne sont nulle part mentionnés dans le livre). En dehors des prénoms des ouvriers ou des noms des petits chefs qu'il côtoie, Linhart ne cite aucun nom propre. Mais cette absence de perspective "globale" est peut-être ce qui rend ce livre très attachant et d'une grande force politique. Il y dissèque ce qu'est le fonctionnement d'une usine à la chaîne avec toutes les vicissitudes, les brimades que l'on peut sans doute 'imaginer" mais qu'une description faite au plus près de la chaîne, avec les mains pleines de cambouis, les oreilles pleines des bruits abrutissants de l'usine, les os qui n'en peuvent plus de supporter des positions inhumaines, rend terriblement crédible. Linhart a un véritable talent de conteur et l'on se sent vite proche de son narrateur et, comme lui, révolté par la condition réservée à ses compagnons ouvriers.
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