Citations sur La troisième femme : Permanence et révolution du féminin (7)
''Il ne me parle plus d'amour'' : mot de femmes, désespoir de femmes. La survalorisation féminine de l'amour a pour corrélat la ''longue plainte des femmes en mal d'amour'', les défilés de récriminations à l'endroit des hommes accusés d'être égoïstes, de manquer de romantisme, de ne pas extérioriser leurs sentiments, de négliger la vie affective au profit du travail professionnel. (…) Parce que les hommes ne sont pas socialisés au romanesque, ils s'accommodent plus facilement des relations plus ''routinières'', d'une moindre théâtralisation des sentiments. Les femmes vivent plus difficilement le manque de mots d'amour, le déficit de sentimentalité ; elles rêvent plus que les hommes de connaître le grand amour et reprochent aux hommes, fréquemment, de se protéger, de fuir, de ne pas se donner pleinement. La culture égalitaire n'a pas réussi à rendre similaires les exigences amoureuses des deux sexes.
Quel homme n'a-t-il pas rêvé d'être vu avec de jolies femmes ? La beauté féminine rehausse la valeur et le statut des hommes : un homme vu en compagnie d'une belle femme est jugé plus intelligent, plus compétent, plus important que lorsqu'il apparaît au côté d'une femme peu jolie. Rien de tel au féminin : la beauté d'une homme ne bonifie pas l'image de la femme qui l'accompagne.
Martelant l'idée que la beauté peut s'acheter, le monde de la réclame a éduqué les femmes à une vision consommatrice de la beauté.
[Des études sociologiques] ont montré que si la vie conjugale s'accompagnait d'une accélération de la carrière professionnelle masculine, elle se traduisait par un ralentissement de celle des femmes.
La liberté de se diriger soi-même s'applique désormais indistinctement aux deux genres, mais elle se construit toujours ''en situation'', à partir de normes et de rôles sociaux différenciés, dont rien n'indique qu'ils soient voués à une future disparition.
Véhiculant les stéréotypes de la femme victime désirant être dominée, soumise ou violée, la pornographie constituerait une entreprise d'infériorisation du féminin.Qu'exprime la pornographie dans cette perspective ? Moins une morale des plaisirs qu'une politique du mâle destinée à consacrer la domination masculine en reconduisant l'image de la femme putain, de la femme servile et vulnérable, de la femme stupide, abusée, objet des hommes. Les malaise des femmes face au hard résulterait de ces représentations humiliantes et infamantes du deuxième sexe.
La ''crise de la virilité'' est davantage une image littéraire qu'un phénomène social de fond : l'homme est l'avenir de l'homme et le pouvoir masculin, l'horizon insistant des temps démocratiques.