Mon corps est une armoire. Je vis dedans. Quand elles viennent, je voudrais me cacher ailleurs. Je pourrais m'enfuir et elles ne verraient rien, je serais toujours là.
ton corps est une armoire. Je vis dedans. Quand elles viennent
Toi tu me vois parce que tu sais. Tu sais que j'existe à l'intérieur. Et moi je me sens invisible.
On a changé de pays.
Ici les maisons se ressemblent. Elles sont alignées comme des cubes, mêmes dimensions pour toutes, une porte, une fenêtre. Et ça n’en finit pas, il y en a jusqu’au bout de la ville.
Les gardes viennent apporter à manger. Elles se taisent. Nous dormons dans la chambre. Le matin quelqu’un tire les rideaux. (p. 7)
La grive s'ébroue dans l'aubépine, buisson solidaire et armé. De son perchoir, elle surveille son fief moussu, tapi dans le lierre. Seul un faucon pourrait anéantir l'énigme qui court à l'insu des aguets. D'autres meurtriers flânent, oiseleur jaloux, belette saisonnière. Il faudra planquer les pépiements.
Mélodie des premiers berceaux, raclements de langue et de gosier : te perçois-tu passereau, relié à tes pairs? Il arrive que tu restes immobile, les yeux clos, dans la fanelle joufflue. Le pépiement te revient, comme un appel aux ailes maternelles.
La vie en boucle te ramène au premíer níd. Des bras d'une mère au ruisseau du matelas, il y eut des angles, des caps, tant et tant de cubes et de roches. La caresse initiale reprend vigueur, comme une chevelure butine la tête enfantine. Tu te perçois soleil et lune, dans ton antre, au milieu du désert. La voûte lactée te protège.