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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 513 à 518 de la série, parus en 2011. Les précédentes aventures de T'Challa se trouvent dans Doomwar. L'arrivée de Black Panther dans Hell's Kitchen est annoncée dans Shadowland - Daredevil.

T'Challa a renoncé à son trône du Wakanda et à ses superpouvoirs. Pour se donner le temps d'accepter ces événements, il a décidé de s'installer à Hell's Kitchen (un quartier de New York), le temps que Matt Murdock se ressource à la campagne, pour digérer les traumatismes de Shadowland. L'objectif de T'Challa est d'endiguer la vague de criminalité qui risque de se produire en l'absence de Daredevil. Il modifie légèrement son costume de Black Panther et décide de se faire appeler l'homme sans peur. Il a l'aide de Foggy Nelson qui lui fournit des faux papiers qui le désigne sous le nom de monsieur Okonkwo, originaire de la République du Congo. T'Challa s'installe dans un immeuble peu reluisant, mais avec une charmante voisine de palier prénommée Iris. Il devient gérant d'un café appelé "Devil's kitchen", où il est responsable de plusieurs employés dont Sofija (une ressortissante serbe) et Brian, un jeune homme plutôt effacé et timide. Il patrouille les rues et les toits la nuit pour lutter contre les crimes de rue. La nature ayant horreur du vide, un nouveau caïd s'installe sur le territoire d'Hell's Kitchen : Vlad Dinu (un immigrant roumain), avec sa famille dont ses 2 fils Nicolae et Gabe.

Après le départ de Daredevil de Hell's Kitchen, Marvel Comics propose à David Liss d'y installer T'Challa. À priori il s'agit d'une idée éditoriale déplacée puisque le roi du Wakanda n'a pas grand-chose à faire dans les bas quartiers de New York. À la lecture, David Liss ne prend que quelques pages pour installer la situation et la légitimer, et il s'intéresse tout de suite à cette nouvelle guerre entre Black Panther et un criminel qui se voit déjà en caïd du quartier.

Cette histoire surprend agréablement par son aspect graphique. 5 épisodes ont été illustrés et mis en couleurs par Francesco Francavilla qui également dessiné Zorro Year One 1 et une partie de Batman - The black mirror. Il utilise un style fortement encré, des couleurs assez vives et une mise en page très énergétique. Sous ses crayons, Balck Panther devient un mixte de Daredevil et Batman (le détective de police auquel T'Challa en réfère évoque fortement James Gordon), avec des poses iconiques régulières dans lesquelles Black Panther en impose par son silence et sa posture monolithique. La ville revêt un aspect noir et aliénant ; la pluie devient une douche glaciale. Les feux à éclats des services de secours se réverbèrent sur les murs. Les personnages souffrent sous les coups et l'âpreté inhospitalière de la ville agresse les individus. L'épisode 516 est illustré par Jefte Palo dans un style tout aussi noir, un petit peu plus léger en encrage, et avec une vision superbe de Black Panther dont la silhouette devient une véritable panthère. Les magnifiques couvertures de Simone Bianchi donnent une idée trompeuse de l'apparence de Black Panther car elle ne comprend aucun ornement doré.

David Liss réalise un travail impressionnant en l'espace de 6 épisodes. T'Challa s'installe dans une nouvelle vie. Il n'oublie pas sa femme, mais ne souhaite pas sa présence. Il doit faire ses preuves face à d'autres superhéros bien intentionnés qui ne demande qu'à intervenir pour l'aider, mais que T'Challa perçoit comme de l'ingérence et une preuve de manque de confiance vis-à-vis de lui. Il doit trouver comment faire avec les avances d'un personnage féminin. Il se retrouve responsable d'individus qu'il met en danger. Et sa guerre contre le crime devient intense, sans être obsessive comme celle de Batman. En face de lui, il a Vlad Dinu, surnommé l'empaleur. Malgré la facilité apparente de ce sobriquet, Liss construit un criminel assez élaboré qui fait peur simplement avec son vocabulaire anglais limité par le fait que ce n'est pas sa langue natale. Évidemment son origine roumaine est faite pour jouer sur l'angoisse que suscite ces supposés immigrés sans foi ni loi, mais David Liss évite de s'appuyer sur ce stéréotype. Il insère dans son récit quelques thèmes adultes délicats comme la maltraitance des enfants, sans pour autant tomber dans l'ambiance glauque de la série Punisher MAX de Garth Ennis. David Liss réussit à créer une ambiance qui emprunte à la fois à Daredevil, Batman et Punisher, sans être un simple décalque, en trouvant sa voix propre. Tout n'est pas parfait, il reste quelques maladresses telles que des coïncidences un peu grosses à digérer (des personnes qui se retrouvent comme par hasard au même endroit et au même moment), ou un criminel qui a du mal à profiter de l'avantage qu'il acquiert durant les combats.

Cette itération de Black Panther séduit rapidement le lecteur. Même s'il peut ne pas être entièrement convaincu par le postulat de départ de cet ex-roi qui vient s'encanailler dans un quartier pauvre de New York, le lecteur est happé par une ambiance urbaine à couper au couteau, mâtinée avec des exploits de gymnaste et de combattant à main nue pour lutter contre un criminel qui sort de l'ordinaire et qui possède un charisme certain. T'Challa continue de veiller sur les habitants de Hell's Kitchen dans Fear Itself - Black Panther (épisodes 519 à 524), puis dans The Kingpin of Wakanda (épisodes 523.1 et 525 à 529).
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