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Critique de Foxfire


Dès ma 1ère lecture d'une oeuvre de Ken Liu j'avais été subjuguée par cet auteur. Mon admiration ne s'est pas démentie depuis et Liu a intégré mon panthéon personnel des auteurs que je serais prête à suivre aveuglément. le nom de Ken Liu suffit à me donner envie de lire un livre. C'est donc sans rien en savoir que je me suis plongée dans la lecture de la novella « Toutes les saveurs ». Mon amour pour l'auteur n'est pas prêt de s'éteindre. Quel délice ! « Toutes les saveurs » est une petite merveille.

Il est difficile de classer ce récit tant il est singulier. Cette novella a beau être publiée au Bélial dans l'excellente collection « Une heure lumière », l'aspect relevant de l'imaginaire est finalement très léger, très ténu. Pour autant, je trouve que « toutes les saveurs » a toute sa place dans la collection. En premier lieu parce que ce n'est pas la première fois qu'y est publié un texte dont les éléments SFFF sont minces (par exemple « Dragon » de Day). Ensuite et surtout parce que l'aspect imaginaire ayant beau sembler réduit il est à mon avis essentiel au récit, il en est à la fois l'ossature et le coeur-même.
A la lecture des premières pages, on est tenté de classer « Toutes les saveurs » dans le registre du western. A raison, le récit en a bien des atours : le décor de la petite ville en développement, les souvenirs de la Guerre de Sécession, les figures classiques des histoires de l'Ouest tels les affreux hors-la-loi sans foi ni loi… La novella va s'intéresser à la rencontre de deux cultures en suivant une petite communauté chinoise venue s'installer dans cette petite ville d'Idaho. Si la communauté chinoise n'a que rarement été mise en avant dans le western, elle fait tout de même partie de l'imaginaire collectif lié à ce genre pour peu que l'on s'y intéresse un peu. Quoi qu'il en soit, alors que le récit semble tourner autour d'une histoire classique, le gentil est contraint de tuer un gros vilain pour se défendre, Liu décide de nous emmener ailleurs, il y a longtemps, en nous racontant, par la bouche de son héros, l'histoire de Guan Yu, le dieu de la Guerre. « Toutes les saveurs » prend alors l'allure d'un conte. Vont alors s'entremêler le récit de la légende ancestrale et l'histoire se déroulant au XIXème siècle. le mélange est parfait, les passages de l'un à l'autre sont d'une fluidité remarquable, il n'y a aucune sensation de rupture. La légende chinoise et le récit western se répondent dans une sorte de dialogue narratif. Finalement, il n'y a rien d'étonnant à ce que ces deux genres se marient aussi bien. L'un comme l'autre, le western et la légende folklorique, s'inscrivent dans le registre du mythe. L'ouest du western a donné lieu à des motifs récurrents et des archétypes au même titre que les légendes ancestrales. de plus l'histoire du dieu Guan Yu joue sur le ressort dramatique de la vengeance, thème ô combien récurrent du western. Selon moi, c'est bien cela, le fait que la novella joue sur une dimension mythologique, qui fait que « Toutes les saveurs » s'inscrit pleinement dans l'imaginaire et a toute sa place dans cette collection.

Cette richesse narrative est magnifiée par l'écriture toujours aussi séduisante de Ken Liu. « Toutes les saveurs » est un récit enchanteur plein de poésie. Ce charme est tout particulièrement présent lors des descriptions culinaires qui émoustillent les papilles et font saliver. Quant au récit de l'histoire de Guan Yu, il est à la fois épique et poétique et emporte totalement le lecteur dans sa magie.

Liu livre une nouvelle fois un récit beau, touchant, humaniste, subtil, magique, intelligent, fin, enchanteur… Je vais arrêter là cette vaine énumération de qualificatifs, la liste serait trop longue. « Toutes les saveurs » est une magnifique novella. Si vous ne connaissez pas encore Ken Liu, vous serez séduit. Si vous le connaissez déjà, vous ne serez pas déçu.

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